FR | NL
Accueil | A propos de Vax Info | Liens | Contact

HPV (papillomavirus humain)print

Un vaccin 9-valent

publié le mardi 1er décembre 2015

Un vaccin 9-valent (GardasilTM) est maintenant disponible dans certains pays. Il contient, outre les types 6, 11, 16 et 18 inclus dans le vaccin quadrivalent, les types 31, 33, 45, 52 et 58. Quel est son apport, quelles sont les données d’efficacité et de sécurité disponibles ?

Données épidémiologiques

Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), aux Etats-Unis, 64% environ de tous les cancers invasifs associés au papillomavirus sont attribuables aux types 16 ou 18 et 10% aux types 31, 33, 45, 52 et 58 (inclus dans le vaccin 9-valent) [1].

La prévalence des différents types de papillomavirus associés aux cancers
a été étudiée plus précisément dans le cadre d’une étude menée aux Etats-Unis par les Centers for Disease Control and Prevention, en association avec des Registres du cancer [2]. Pour plus de 2.600 cas de cancer représentatifs pour l’âge et le sexe de l’ensemble des cas enregistrés de 1993 à 2005 (période prévaccinale), la détermination du type d’HPV a été réalisée. L’ADN de l’HPV a été détecté dans de nombreux cas, à une fréquence variable selon le site (voir tableau 1).

Tableau 1-fréquence-ADN

Un vaccin ciblant les HPV 16 et 18 a le potentiel de prévenir la majorité des cancers du col, de l’anus, des cancers oropharyngés, vaginaux, ainsi qu’une proportion importante des cancers du pénis et de la vulve.
Un vaccin 9-valent incluant en outre les types 31, 33, 45, 52 et 58 pourrait, selon les cancers, apporter un gain préventif supplémentaire de quelques pourcents.

Une autre étude [3] a estimé la prévalence et l’incidence de 14 types de papillomavirus humain dans les frottis vaginaux et la part de ces types dans les néoplasies cervicales intraépithéliales (CIN) et les adénocarcinomes in situ (AIS). Plus de 10.000 femmes âgées de 15 à 26 ans et plus de 1.800 femmes âgées de 24 à 45 ans ont été inclues dans cette étude. Environ 2.500 lésions ont été classées comme CIN ou AIS. L’incidence cumulative des infections persistantes avec 1 ou plusieurs des 7 types à haut risque contenus dans le vaccin 9-valent était respectivement de 29% chez les femmes âgées de 15 à 26 ans, de 12% chez les femmes de 24 à 34 ans et de 6% chez les femmes de 35 à 45 ans. Pour le groupe d’âge 15-45 ans, 43 à 55% des CIN1, 70 à 78% des CIN2, 85 à 91% des CIN3 et 95 à 100% des adénocarcinomes in situ étaient attribués à l’un de ces 7 types d’HPV à haut risque.

Efficacité et sécurité

L’efficacité et la sécurité du vaccin 9-valent contre l’HPV ont été testées dans plusieurs études.

Une étude [4] randomisée en double aveugle, internationale, a été menée pour mesurer l’immunogénicité et l’efficacité et pour déterminer le profil de sécurité du vaccin 9-valent contre l’HPV, sur une population de femmes âgées de 16 à 26 ans. Un groupe initial de plus de 1.200 femmes a reçu de manière randomisée soit une, soit 3 doses du vaccin 9-valent, soit le vaccin quadrivalent contre l’HPV. Un groupe de plus de 13.598 femmes a ensuite reçu de manière randomisée soit le vaccin quadrivalent, soit le vaccin 9-valent, selon un schéma 0, 2 mois et 6 mois. L’incidence des lésions attribuées aux HPV 6, 11, 16 et 18 était comparable dans les deux groupes.

  • Immunogénicité : près de 100% des participantes ont répondu à la vaccination par le vaccin 9-valent (séroconversion pour les 9 types ciblés par le vaccin). Au 7è mois, les taux d’anticorps contre les types 6, 11, 16 et 18 sont non inférieurs à ceux obtenus avec le vaccin quadrivalent.
  • Efficacité : l’efficacité sur la prévention des lésions ≥ CIN2, des néoplasies vulvaires ou vaginales intraépithéliales de grade 2 ou 3 causées par les HPV de type 31, 33, 45, 52 ou 58 atteignait 96,3%. Pour la prévention des infections persistantes aux mêmes types d’HPV, l’efficacité était de 96 % [5].
  • Effets indésirables : des réactions de durée limitée au site d’injection étaient signalées par 90,7% des femmes ayant reçu le vaccin 9-valent, versus 84,9% pour le vaccin quadrivalent. Ceci était prévisible vu la quantité plus importante d’antigènes et d’adjuvant. Ces réactions étaient généralement faibles, modérées et spontanément résolutives. Parmi les effets systémiques enregistrés, les plus fréquents étaient les céphalées, la fièvre, les nausées, les vertiges et la fatigue ; leur fréquence était comparable pour les deux vaccins.

Une autre étude randomisée (N=600) [6] a comparé deux groupes de jeunes filles âgées de 9 à 15 ans. Les participantes du premier groupe recevaient le vaccin quadrivalent contre l’HPV, celles du second groupe le vaccin 9-valent. Un schéma vaccinal en 3 doses (0, 2 mois, 6 mois) était appliqué. Les mesures sérologiques des anticorps anti HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58 étaient réalisées au jour 1 et au mois 7. La réponse aux types d’HPV contenus dans les 2 vaccins a été comparable dans les deux groupes. Chez toutes les participantes (à l’exception d’un cas pour l’HPV 45) recevant le vaccin 9-valent, une réponse immunitaire a été constatée vis-à-vis des types 31, 33, 45, 52 et 58. Les effets indésirables ont été comparables dans les deux groupes, avec cependant une incidence plus élevée d’un gonflement au site d’injection dans le groupe ayant reçu le vaccin 9-valent.

Une étude [7] a comparé, chez des garçons et des filles de 11 à 15 ans, l’immunogénicité et la sécurité du vaccin 9-valent soit administré seul, soit concomitamment à deux vaccins administrés en routine aux Etats-Unis à cet âge (le vaccin conjugué contre les méningocoques A/C/Y/W&135 -MCV4- et le dTpa). Pour le vaccin 9-valent contre l’HPV, un schéma vaccinal en 3 doses (0, 2 mois, 6 mois) était appliqué. Les participants du premier groupe (N=620) recevaient le MCV4 et le dTpa 1 mois après la première dose du vaccin contre l’HPV, ceux du deuxième groupe (N=621) simultanément à la première dose du vaccin contre l’HPV. La réponse immunitaire était similaire pour les 3 vaccins dans les deux groupes et la vaccination généralement bien tolérée.

Une 4ème étude [8] a évalué, également chez des garçons et des filles de 11 à 15 ans, l’immunogénicité et la sécurité du vaccin 9-valent soit administré seul, soit concomitamment à un vaccin dTpa-IPV (RepevaxTM). Cette étude randomisée a inclus 1.054 participants, dont une moitié (N=526) a reçu le dTpa-IPV simultanément à la première dose du vaccin 9-valent contre l’HPV et l’autre moitié (N=528) 1 mois après cette première dose. Le taux de séroconversion au 7è mois pour le vaccin 9-valent contre l’HPV dépassait dans les deux groupes 99%. Pour le vaccin dTpa-IPV, la réponse immunitaire était similaire dans les deux groupes. L’administration concomitante était bien tolérée.
Les études disponibles ne comportent aucune donnée relative à un schéma éventuel à deux doses.

Les recommandations aux Etats-Unis

L’Advisory Committee on Immunization Practice (ACIP) recommande la vaccination généralisée à l’âge de 11-12 ans. La vaccination est également recommandée aux femmes âgées de 13 à 26 ans et aux hommes âgés de 13 à 21 ans qui n’ont pas été vaccinés (ou incomplètement) auparavant. Les hommes de 22 à 26 ans peuvent être vaccinés.
Pour la vaccination des femmes, les vaccins bivalent, quadrivalent ou 9-valent peuvent être utilisés ; pour les hommes, les vaccins quadri- ou 9-valent sont préférés [9]. Le vaccin 9-valent n’est actuellement pas disponible en Europe.

Références

[1Use of 9-Valent Human Papillomavirus (HPV) Vaccine : Updated HPV Vaccination Recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices. MMWR. 2015 ; 64 (11) : 300-304.
http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6411a3.htm

[2Saraiya M, Unger ER, Thompson TD et al. US Assessment of HPV Types in Cancers : Implications for Current and 9-Valent HPV Vaccines. JNCI J Natl Cancer Inst (2015) 107 (6) : djv086 doi : 10.1093/ jnci/djv086.
http://jnci.oxfordjournals.org/content/107/6/djv086.abstract

[3Joura EA, Ault KA, Bosch FX et al. Attribution of 12 high-risk human papillomavirus genotypes to infection and cervical disease. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2014 ; 23(10):1997- 2008. doi : 10.1158/1055-9965.EPI-14- 0410.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25274978

[4Joura E, Giulano A, Iversen O-E et al. A 9-Valent HPV Vaccine against Infec- tion and Intraepithelial Neoplasia in Women. N Engl J Med 2015 ; 372:711- 723. DOI : 10.1056/NEJMoa1405044.
http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1405044#t=articleTop

[5Herweijer, E. ; Leval, A. ; Ploner, A et al. Association of varying number of doses of quadrivalent human papillomavirus vaccine with incidence of condyloma. JAMA 2014, 311, 597–603. http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1829685

[6Vesikari T, Brodski N, van Damme P et al. A Randomized, Double-Blind, Phase III Study of the Immunogenicity and Safety of a 9-Valent Human Papillomavirus L1 Virus-Like Particle Vaccine (V503) Versus Gardasil®in 9-15-Year- Old Girls. Pediatr Infect Dis J. 2015 Jun 18. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26090572

[7Schilling A, Parra MM, Gutierrez M et al. Coadministration of 9-valent human papillomavirus vaccine with meningo- coccal and Tdap vaccines. Pediatrics. 2015. Published online August 3. doi : 10.1542/peds.2014-4199.
http://pediatrics.aappublications.org/content/early/2015/07/28/peds.2014-4199.abstract

[8Kosalaraksa P, Mehlsen J, Vesikari T et al. An open-label, randomised study of a 9-valent human papillomavirus vaccine given concomitantly with diphteria, tetanus, pertussis and poliomyelitis vaccines to healthy adolescents 11- Les études disponibles ne comportent aucune donnée relative à un schéma éventuel à deux doses. 15 years of age. Pediatr Infect Dis J. 2015 Jun ;34(6):627-34. doi : 10.1097/ INF.0000000000000694.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25831420

[9IdemV


Abonnez-vous à la newsletter