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Rotavirusprint

Incidence et conséquences de l’infection

publié le mardi 1er mai 2007

Une étude récente s’intéresse à la forte incidence de la gastroentérite à rotavirus chez les enfants entre 6 mois et 5 ans. Les conséquences en termes de morbidité, d’hospitalisations et d’absentéisme pour les parents sont loin d’être négligeables. La vaccination présente donc un bilan positif, tant en santé publique qu’en économie de santé.

REVEAL est une étude multicentrique européenne menée selon le même protocole dans 7 régions situées dans 7 pays.

L’étude en Belgique

La région d’Anvers a été choisie, notamment en raison de sa population comptant environ 15.000 enfants de moins de 5 ans dans une zone géographique bien délimitée et pourvue d’un nombre réduit d’hôpitaux de référence.
Les chercheurs avaient pour tâche d’évaluer le taux annuel de consultations et d’hospitalisations pour des gastroentérites aiguës à rotavirus chez l’enfant. Les chercheurs ont inventorié les différents types de prises en charge, les sérotypes retrouvés et les coûts directs et indirects liés aux gastroentérites aiguës à rotavirus. Les cas de maladies nosocomiales ont été exclus de l’étude. Tous les cas inclus ont été confirmés par un test ELISA ; les souches virales ont été identifiées par leur génotype. Les chercheurs ont dû prendre en compte plusieurs biais : les cas exclus car ne répondant pas aux critères stricts du protocole ; les refus de la part des professionnels de la santé mais aussi des parents, en raison du degré de gravité de la pathologie, de problèmes de compréhension de la langue ou d’un manque de temps (plus de questionnaires ont été complétés quand l’enfant était hospitalisé car cela laissait plus de temps aux médecins qu’en ambulatoire ou aux urgences). En outre, le système de prise en charge est très différent d’un pays à l’autre.

Les constats

Il existe une grande variation géographique dans la survenue des épidémies, même sur des territoires peu étendus.
Au sein du groupe des 7 pays participants, plus de 50% des cas d’hospitalisations pour gastroentérites aiguës sont dus au rotavirus. En Belgique (région d’Anvers), cette infection représente environ 40% des consultations pour gastroentérites aiguës des enfants de moins de 5 ans, chez les soignants de première ligne ou au service d’urgence.
Les souches mises en cause sont essentiellement : G1, G2, G3, G4, G9, mais l’on observe une grande variation aussi bien géographique – d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre – que temporelle.
L’étude montre aussi que l’infection survient généralement chez les enfants de plus de 6 mois, en particulier entre 6 et 24 mois. Les infections survenant avant l’âge de 6 mois sont dans la plupart des cas des infections nosocomiales. L’approche la plus efficace est donc de vacciner avant l’âge de 6 mois.

Coût sociétal et médical

Les gastroentérites à rotavirus observées dans l’étude ne semblent pas induire un séjour hospitalier plus long que celui observé pour toute autre cause de gastroentérite aiguë, à savoir 3 ou 4 jours en moyenne. Le coût direct lié à la gastroentérite aiguë par rotavirus est cependant très élevé. Il n’est pas pertinent de comparer les coûts entre les différents pays en raison des disparités des systèmes de soins. En Belgique, une part importante des coûts liés à une hospitalisation est remboursée par les autorités. En revanche, les coûts non médicaux directs, comme le transport en ambulance par exemple, ne sont jamais pris en charge.Les gastroentérites à rotavirus entraînent un absentéisme parental au travail dans 40% des cas environ, avec une prise de congé (d’une durée de 1 jour à 4-5 jours). Ces coûts indirects sont très importants, que l’enfant soit hospitalisé ou reste à domicile, et pèsent dans l’évaluation d’un programme de vaccination, bien que ces coûts incombent aux travailleurs et aux entreprises.

Conclusions

Les vaccins oraux contre le rotavirus permettent de réduire la gravité des symptômes. Mais les enfants vaccinés sont toujours susceptibles de contracter l’infection. Ceci pourrait constituer un avantage puisque la faible pression vaccinale sur les sérotypes circulants permettrait de maintenir l’écologie virale actuelle. Néanmoins, la surveillance des souches est essentielle, pour évaluer si l’introduction de la vaccination aura un effet sur la circulation des souches virales et si les vaccins utilisés seront aptes à contrôler un éventuel glissement vers de nouvelles souches.

Dr P. Trefois
Secrétariat de rédaction

La branche belge de l’étude REVEAL a été menée par le Centrum voor de Evaluatie van Vaccinaties, Faculté de Médecine de l’Université d’Anvers (Pr Pierre Van Damme et Dr Marie Van der Wielen).

Pour la pratique

  • Le Conseil Supérieur d’Hygiène recommande la vaccination contre le rotavirus pour tous les nourrissons :
     soit une dose orale à 2 mois et à 3 mois (Rotarix™) ;
     soit une dose orale à 2 mois, à 3 mois et à 4 mois (RotaTeq™)*
  • Le CSH recommande d’administrer le vaccin RV oral simultanément aux vaccins recommandés aux mêmes âges (l’hexavalent DTPa-VHB-IPV-Hib et le vaccin conjugué contre le pneumocoque Pn7V).
  • Le CSH propose de compléter le schéma avant l’âge de 6 mois. Aucune vaccination de rattrapage au-delà de l’âge de 6 mois n’est recommandée.

* Ce vaccin contre le rotavirus a été approuvé par l’EMEA et devrait être mis sur le marché belge durant le 2ème trimestre 2007.


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