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Rubéoleprint

publié le mercredi 1er janvier 2003

Une patiente de 28 ans a un taux d’anticorps (IgG) contre la rubéole de 10,4 UI/ml en mars 1998. L’immunité est contrôlée dans un autre laboratoire en janvier 2002 et le taux est de 12.0 UI/ml. Le gynécologue considère que l’immunité est insuffisante : il propose une contraception et une vaccination à la patiente qui souhaite devenir enceinte. Questions : un rappel est-il nécessaire et faut-il contrôler le taux d’anticorps après la vaccination ?

L’administration d’un vaccin à base de virus vivants atténués mime l’infection naturelle et provoque une réaction immunitaire protectrice contre une infection subséquente. Toutefois cette réaction immunitaire est qualitativement et quantitativement variable d’un individu à l’autre. Elle est en moyenne plus faible après vaccination qu’après une infection naturelle. Le taux d’anticorps décelables au niveau sérique diminuera au cours du temps, aussi bien après l’immunité acquise par la maladie qu’après l’immunité acquise par le vaccin.
D’une façon générale, il est admis que si l’organisme a réagi par une séroconversion spécifique, aussi faible soit-elle, la mémoire immunitaire suffira pour éviter le développement de l’infection lors de contacts ultérieurs.
Néanmoins, plusieurs études bien documentées montrent que la réinfection de personnes vaccinées par le virus rubéoleux sauvage est possible et dépend de nombreux facteurs immunologiques, notamment de la présence d’IgA dans le nasopharynx et du taux d’IgG. Lorsque le taux d’IgG est bas (<15 UI/ml en ELISA ou compris entre 1/8 et 1/20 en hemagglutination indirecte), en cas de contact avec le virus sauvage, la réinfection est fréquente comme le montre l’évolution des anticorps, mais cette infection s’accompagne beaucoup moins souvent d’une virémie.
Quoique considérablement réduit, le risque de développer un syndrome de rubéole congénitale lors d’une réinfection en début de grossesse n’est donc pas nul. Dans la littérature, on retrouve plus de 25 cas de syndrome de rubéole congénitale avec isolement du virus après réinfection chez des femmes enceintes qui ont été vaccinées. Lors du Congrès de la Société belge de pédiatrie en mars 1999, Dominique Buellens a rapporté un cas bien documenté de rubéole congénitale symptomatique dû à une réinfection chez une femme vaccinée à l’adolescence, qui avait en début de grossesse un taux d’IgG antirubéole de 16 UI/ml.
En pratique, la notion d’un taux limite d’anticorps protecteur contre toute réinfection par le virus rubéoleux n’est pas définie.
Il est judicieux de contrôler la sérologie contre la rubéole des futures mères en période préconceptionnelle. Par mesure de prudence, en présence de taux faibles ou indétectables, il est conseillé de vacciner ou de revacciner les futures mères, sous contraception, au moyen du vaccin combiné rougeole - rubéole - oreillons (RRO). Les Centers for Diseases Control ont, en 2002, réduit la période de contraception de 3 mois à 1 mois. En Belgique, le Conseil Supérieur de la Santé a aussi abaissé cette période à un mois.
Quant au contrôle du taux des anticorps 6 à 8 semaines après la (re)vaccination, il n’est peut-être pas superflu d’y avoir recours à notre époque où l’on exige de plus en plus du médecin "le risque zéro".
En outre, il faut rappeler que c’est la disparition de la circulation du virus sauvage dans l’entourage des femmes enceintes, plus que l’état immunitaire de la mère, qui explique la nette diminution des cas de rubéole congénitale. Il est donc très important de veiller à obtenir chez les enfants une couverture vaccinale la plus élevée possible, idéalement au-dessus de 95 %, alors que dans notre pays, la couverture vaccinale RRO n’atteint au mieux que 85 % à 2 ans et 50 % à 11-12 ans. Pour limiter la circulation du virus sauvage et obtenir ainsi une immunité de groupe (herd immunity), plusieurs pays, comme la France et le Grand-Duché de Luxembourg, ont avancé de 11-13 ans à 3-6 ans la dose de rappel ou de rattrapage du vaccin RRO.

Dr. Jacques Senterre
Professeur honoraire de Pédiatrie Université de Liège

Référence :
Plotkin SA. Rubella vaccine. In Plotkin SA, Orenstein WA (eds). Vaccines (3rd ed.). Philadelphia, W.B. Saunders,1999, pp 409- 439.


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