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L’aluminium : un adjuvant bien connu.

publié le vendredi 2 mai 2014

Le Haut Conseil de la Santé Publique français s’est penché sur la question de la sécurité de l’aluminium comme adjuvant dans certains vaccins. Il conclut que les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium.

Depuis quelques années, on peut lire régulièrement dans certains médias des nouvelles inquiétantes liées à l’usage de l’aluminium comme adjuvant dans certains vaccins.
L’origine de ces informations s’appuie principalement sur les publications d’une seule équipe de chercheurs français de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil. Celle-ci a postulé, en 1997, un lien entre d’une part la survenue d’une « myofasciite à macrophages », un syndrome rare auto-immun ou inflammatoire et, d’autre part, des vaccins contenant de l’aluminium.
Le point de départ a été la constatation histologique d’une accumulation de particules d’aluminium dans des cellules immunitaires chez des personnes ayant subi des biopsies dans le muscle deltoïde, en raison de plaintes de myalgies, arthralgies et faiblesse musculaire. Cette présence d’aluminium, pendant quelques jours, dans la zone d’administration d’un vaccin adjuvanté n’est pas anormale, mais elle représente selon l’équipe française bien un problème en cas de persistance encore 10 ans après la vaccination.
En outre, d’autres symptômes ont été progressivement évoqués dans le même cadre, comme de la faiblesse musculaire, une fatigue chronique et des troubles cognitifs. En 2001, le même groupe a évoqué un lien possible entre la myofasciite à macrophages et une atteinte du système nerveux central, plus particulièrement une sclérose en plaque.
Suite à de nouvelles études menées au sein du même groupe et constatant que l’aluminium pouvait traverser la barrière hémato-encéphalique, des voix se sont élevées en France pour demander un moratoire sur l’utilisation de l’aluminium dans les vaccins.
En réponse à cette demande, le ministre français de la santé a chargé le Haut Conseil de la Santé Publique français d’une mission d’investigation sur la sécurité de l’aluminium comme adjuvant vaccinal. Le Haut Conseil de la Santé Publique français a donc publié en 2013 une revue critique de la littérature et une analyse bénéfice/risques de l’aluminium comme adjuvant dans les vaccins, dans un dossier « Aluminium et vaccins » très argumenté.

Les adjuvants

L’ajout d’un adjuvant à un vaccin inactivé ou sous-unitaire est motivé par la nécessité d’amplifier la réponse immunitaire spécifique. En effet, contrairement aux vaccins vivants atténués qui simulent l’action des pathogènes et activent simultanément plusieurs procédures de l’immunité innée, les antigènes des vaccins inactivés ou sous-unitaires sont moins immunogènes et incapables d’induire une immunité protectrice comparable en efficacité et durée.
Les adjuvants activent le système immunitaire inné et ainsi augmentent l’intensité et la durabilité de la réponse immunitaire. En outre, ils permettent de réduire la quantité d’antigènes vaccinaux et le nombre d’injections nécessaires pour immuniser un individu.

Les sels d’aluminium

L’usage des sels d’aluminium dans les vaccins est une pratique répandue dans le monde depuis les années ’20, sans avoir fait l’objet de déclarations d’effets indésirables particuliers.
Leur action repose sur deux mécanismes principaux, présentés ici de manière simplifiée.

D’une part, les sels d’aluminium sont des précipités sur lesquels sont adsorbés les antigènes vaccinaux. Rappelons que la congélation des vaccins comportant des sels d’aluminium comme adjuvant « casse » ces liens d’adsorption, ce qui explique la perte de leur efficacité en cas de gel accidentel. Ce procédé favorise le dépôt prolongé des antigènes vaccinaux au site d’injection.

D’autre part, les sels d’aluminium activent les mécanismes de l’immunité innée. Ils provoquent une réaction chimique inflammatoire, qui se manifeste par une présence au site d’injection de plus de granulocytes et macrophages, par un recrutement et une activation accrus des cellules dentritiques présentatrices d’antigènes aux lymphocytes T ; ainsi, la mémoire immunitaire est stimulée. Le résultat final de ce processus complexe est une meilleure réponse de l’immunité humorale (anticorps) et cellulaire (lymphocytes T et B mémoire).

Récemment, des chercheurs ont montré que certaines cellules en contact avec de l’aluminium sont contraintes de libérer leur propre ADN. La présence de cet ADN en dehors des cellules - un endroit où il n’est normalement pas - fonctionnerait comme un stimulant pour le système immunitaire et favoriserait fortement la réponse au vaccin.

L’existence de granulomes à aluminium au site d’injection de vaccins contenant cet adjuvant est connue depuis les années ’80. Mais jusqu’à présent, rien ne permet d’affirmer un lien de causalité entre ces granulomes et des symptômes attribués à la myofasciite à macrophages. D’autre part, les effets toxiques de l’aluminium (à haute dose) sont bien connus. Plusieurs études ont cependant montré que ces doses toxiques ne sont jamais atteintes via l’administration de vaccins, même chez le nourrisson ; c’est aussi le cas si l’on tient compte des sources naturelles d’aluminium comme par exemple l’eau de boisson et certains aliments.

Recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique français (2013)

  • La plupart des vaccins inactivés et sous unitaires utilisés dans le monde contiennent des adjuvants qui conditionnent leur efficacité ;
  • L’aluminium est l’adjuvant majoritairement utilisé ;
  • Les sels d’aluminium sont ajoutés aux antigènes vaccinaux depuis 1920 sans qu’aucun pays ou instance officielle n’ait jamais remis en cause le bien-fondé de cette adjonction ni la sécurité des vaccins contenant cet adjuvant ;
  • Les publications concernant des séries de cas de myofasciite à macrophages de l’adulte proviennent d’une seule équipe dans le monde ; le lien entre la vaccination et la présence dans les muscles de granulomes contenant de l’aluminium est reconnu mais aucune étude dans la littérature ne permet d’affirmer le lien de causalité entre les signes cliniques rapportés et la présence de granulomes contenant de l’aluminium ;
  • La symptomatologie décrite par cette seule équipe concerne principalement des adultes exposés à un nombre élevé de vaccinations contenant de l’aluminium (5 en moyenne) dans les 10 années antérieures. Cette symptomatologie n’est pas rapportée chez les nourrissons qui pourtant reçoivent proportionnellement plus d’aluminium provenant des vaccins en particulier dans les pays (Etats-Unis par exemple) qui ont, ou ont eu des schémas vaccinaux comportant un plus grand nombre d’injections ;
  • La toxicité cérébrale de l’aluminium à de fortes doses est un fait connu et est responsable de manifestations cliniques distinctes de celles décrites comme associées à la myofasciite à macrophages ;
  • Les résultats de récents travaux chez la souris (NDLR : du seul groupe de chercheurs de Créteil), dans des conditions expérimentales non transposables à l’homme et à la vaccination, apportent des éléments éclairant le mode de transport de l’aluminium dans divers organes, dont le cerveau, sans apporter d’éléments démontrant sa nocivité ni de lien entre une éventuelle présence cérébrale et les manifestations cliniques de la myofasciite à macrophages ;
  • La démonstration chez l’homme de facteurs génétiques pouvant favoriser le transport de l’aluminium dans le cerveau n’est pas apportée ;
  • D’autres adjuvants que l’aluminium sont ou ont été utilisés par le passé. Rien ne montre à ce jour que leur efficacité et leur profil de tolérance leur confère une balance bénéfice/ risque plus favorable que celle de l’aluminium ;
  • La mise au point et l’enregistrement de vaccins comportant de nouveaux adjuvants et qui remplaceraient les vaccins contenant de l’aluminium (y compris de vaccins anciennement utilisés) nécessiteraient plusieurs années.

Ainsi, le Haut Conseil de la Santé publique

  • Estime que les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium, au regard de leur balance bénéfices/risques ;
  • Recommande la poursuite des vaccinations conformément au calendrier vaccinal en vigueur.

Discussion

Cet avis est cohérent avec les conclusions de plusieurs autres études récentes.

  • Dans une revue systématique avec méta-analyse publiée par le Lancet Infectious Disease en 2004, les auteurs concluaient qu’il n’y avait aucune preuve que les sels d’aluminium contenus dans les vaccins causent des effets indésirables sérieux ou de longue durée et donc ne recommandaient pas la mise en place de recherches complémentaires ;
  • Selon une étude de 2011 publiée dans Vaccines par la FDA américaine,
    le risque potentiel de l’exposition à l’aluminium par les vaccins pédiatriques est extrêmement faible, et en tout cas largement inférieur aux avantages de la vaccination.
  • Le Comité consultatif mondial sur la sécurité des vaccins (Global Advisory Committee on Vaccine Safety) de l’OMS a étudié en 2012 la sécurité de l’aluminium dans les vaccins et arrive à la conclusion qu’il n’y a jusqu’à présent aucune preuve d’un risque sanitaire et que les recommandations actuelles de vaccination ne doivent pas être modifiées.

Références :
 Haut Conseil de la Santé Publique. « Aluminium et vaccins ». Collection « Avis et rapports » ; 11 juillet 2013. http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFich ier=hcspr20130711_aluminiumetvaccins.pdf
 T. Marichal, K. Ohata, D. Bedoret. DNA released from dying host cells médiates aluminium adjuvant activity. Nature Medicine. 2011 ; 17, 996-1002.
 McKee AS, Burchill MA, Munks MW
et al. Host DNA released in response to aluminum adjuvant enhances MHC class II-mediated antigen presentation and prolongs CD4 T-cell interactions with dendritic cells. Proc Natl Acad Sci U S A. 2013 Mar 19 ;110(12):E1122-31. doi : 10.1073/pnas.
 Beutler B, Eidenschenk C, Crozat K, Imler JL, Takeuchi O, Hoffmann JA, Akira S. Genetic analysis of resistance to viral infection.
Nat Rev Immunol. 2007 ; 7(10) : 753-66.
 Jefferson T, Rudin M, Di Pietrantoni C. Adverse events after immunisation with aluminium-containing DTP vaccines : systematic review of the evidence. Lancet Infect Dis. 2004 ; 4 (2) : 84-90.
 Robert J. Mitkus, David B. King, Maureen A. Hess et al. Updated aluminum pharmacokinetics following infant exposures through diet and vaccination. Vaccine 29 (2011) 9538-9543 doi.org/10.1016/j.vaccine.2011.09.124
 www.fda.gov/BiologicsBloodVaccines/ScienceResearch/ucm284520.htm


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