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Méningocoqueprint

Rapport du KCE. Vaccination contre le méningocoque du groupe B

publié le lundi 4 mai 2015

Le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE), en collaboration avec l’Université de Bristol, a publié un rapport de synthèse intitulé « Un vaccin quadrivalent contre le méningocoque du groupe B : analyse coût-efficacité ».
Le KCE a publié son rapport pour éclairer les décideurs belges sur la meilleure manière, dans l’état des connaissances actuelles, d’utiliser ce vaccin dans le contexte belge.

Nous avons déjà présenté dans Vax Info ce nouveau vaccin quadrivalent contre les infections invasives à méningocoques du sérogroupe B, le BexseroTM (voir « Méningoque : un nouveau vaccin »).
Il contient quatre composants (trois protéines et un composant spécifique de la membrane) dérivés d’une souche de Nouvelle-Zélande. Ces quatre composants se retrouvent dans une proportion importante de souches européennes du sérogroupe B (78% des 1052 souches testées en 2007-2008). Cependant, aucune donnée spécifique à la Belgique n’est actuellement disponible.

Méthodologie

Il est évident qu’une baisse du portage suite à la vaccination pourrait contribuer fortement à un impact positif de cette dernière sur l’ensemble de la population (vaccinés et non vaccinés).

L’exemple du vaccin conjugué contre le méningocoque du groupe C le montre : introduit en 2002 en Belgique dans le programme de vaccination des nourrissons, il a entrainé une baisse des infections invasives liées au sérogroupe C. Au Royaume-Uni, après introduction de la vaccination généralisée de certaines cohortes, les données montrent une baisse d’incidence chez les personnes non vaccinées et la réduction significative du portage des méningocoques du sérogroupe C. L’effet indirect lié à l’immunité de groupe est donc important.

Cependant, le seul essai clinique étudiant l’effet du vaccin contre le méningocoque du sérogroupe B sur une réduction de la transmission (effet de groupe) n’a pas démontré un effet significatif sur le portage des souches du sérogroupe B. Des études complémentaires devraient donc encore être réalisées pour pouvoir conclure définitivement sur ce point.

Deux scénarios ont donc été étudiés, selon que le vaccin aurait, ou non, un effet sur le portage du méningocoque B.
Les chercheurs ont appliqué deux types de modèle pour évaluer la vaccination contre le méningocoque B, dans différents groupes cibles (nourrissons et/ou adolescents)

  • le premier statique, avec vaccination d’une cohorte unique et une protection directe ;
  • le second dynamique, incluant un effet de groupe.

Les modèles ont été développés à l’origine pour étudier l’impact d’un vaccin contre le sérogroupe B « générique » en Angleterre. Les modèles ont été adaptés pour traiter des questions similaires sur l’utilisation du vaccin quadrivalent contre les infections invasives à méningocoques du sérogroupe B en Belgique. Ces modèles reposent sur des données belges pour l’incidence, la mortalité et les coûts d’hospitalisation spécifiques au méningocoque du sérogroupe B. Les données relatives aux séquelles, à la diminution de qualité de vie, à l’efficacité vaccinale et aux effets indésirables, aux prévalences de portage en fonction de l’âge sont basées sur la littérature scientifique.

Hypothèse 1 : le vaccin n’a pas d’effet sur le portage

Le modèle appliqué montre que, dans un contexte de vaccination des nourrissons, seuls 4 à 10% des cas d’infections dus au sérogroupe B (soit en valeur absolue 5 à 14 cas) survenant au cours de la durée de vie d’une cohorte de naissance pourraient être évités. La fourchette (4-10) est le reflet des options possibles : vaccination gratuite dans le calendrier de vaccination recommandé ou remboursement partiel ou disponibilité uniquement sur le marché privé.
En outre, le modèle prédit que la vaccination de routine des bébés serait accompagnée de nombreux effets indésirables, de courte durée et de résolution spontanée pour la plupart, mais occasionnant 2.757 consultations et 976 consultations.
Les coûts par année de vie pondérée par la qualité (QALY) seraient élevés et le rapport coût-efficacité supérieur à ceux estimés pour les vaccins récemment introduits en Belgique.

Le même modèle appliqué montre que, dans un contexte de vaccination des adolescents, 1 à 6% de tous les cas seraient évités.

La vaccination combinée des bébés et des adolescents éviterait plus de cas (5 à 16%), mais avec des coûts par QALY encore plus élevés.

Hypothèse 2 : le vaccin a un effet sur le portage

Dans cette hypothèse, l’impact clinique est évidemment plus important en raison de l’immunité de groupe obtenue. Si le vaccin est inclus dans le calendrier vaccinal ciblant les adolescents, chez lesquels la prévalence du portage est élevée, le modèle montre une réduction importante du nombre de cas (65%), avec un coût par QALY moindre. Mais cet impact ne serait atteint qu’après 10 à 20 ans de vaccination, avec une persistance possible de la maladie chez les jeunes enfants.
Le modèle montre que la réduction de cas est la plus importante lorsqu’on combine les stratégies de vaccination des bébés et des adolescents, avec 67% de baisse après 10 à 20 ans de vaccination ; mais ce scénario a un coût par QALY très élevé.

Recommandations

La vaccination universelle des nourrissons avec le nouveau vaccin quadrivalent contre le méningocoque B (4CMenB) ne peut pas être recommandée à l’heure actuelle. Les raisons en sont que, même sous les hypothèses les plus optimistes (y compris un coût du vaccin peu élevé) :

  • elle n’aurait qu’un impact limité sur le nombre de cas et de décès ;
  • elle provoquerait une grande quantité d’effets secondaires ;
  • elle présenterait un rapport coût-efficacité beaucoup moins favorable que pour d’autres vaccins récemment inclus dans le calendrier vaccinal belge ;
  • il subsiste en outre beaucoup d’incertitude quant aux propriétés du vaccin ainsi qu’à l’évolution future des maladies à méningocoque.

Il n’est pas possible non plus de recommander la vaccination universelle des adolescents pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut. Si de nouvelles données parvenaient à démontrer que le vaccin réduit effectivement le portage du méningocoque (de 30% ou plus), la vaccination des adolescents pourrait diminuer le nombre de cas de manière substantielle (jusqu’à 65%) et pourrait présenter un rapport coût- efficacité comparable à celui d’autres vaccins récemment inclus dans le calendrier vaccinal belge. Ce résultat ne s’obtiendrait toutefois que 10 à 20 ans après le début de la vaccination, tandis que les nourrissons continueraient à être touchés par la maladie durant les premières décennies.

Selon le KCE, les décideurs et conseillers en matière de vaccination devraient informer les cliniciens sur les risques et les bénéfices du vaccin 4CMenB. Les messages délivrés devraient porter sur la capacité du vaccin à protéger contre les infections invasives à méningocoque du sérogroupe B et sur les incertitudes autour de cette protection ; sur la fréquence élevée des fièvres qu’entraîne la vaccination des enfants, particulièrement lorsque le vaccin est administré en même temps que d’autres vaccins de routine.

Voir dans ce même numéro l’article "Infections invasives à méningocoques"

Référence :
G. Hanquet, H. Christensen, E. Agnew, et al. Un vaccin quadrivalent contre le méningocoque de groupe B : analyse coût-efficacité]. KCE Report 231.


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