FR | NL
Accueil | A propos de Vax Info | Liens | Contact

Grippeprint

Grippe H1N1 : Stratégie vaccinale

publié le mardi 1er septembre 2009

Le Commissariat Interministériel Influenza devrait communiquer prochainement les recommandations en matière de vaccination contre la grippe pandémique H1N1.

La nouvelle souche de grippe humaine H1N1 apparue en avril 2009 dévoile progressivement ses caractéristiques.
Cependant, de nombreuses inconnues subsistent, notamment quant au profil futur de l’épidémie dans les pays européens. On prévoit que le taux d’attaque de cette souche pandémique sera plus élevé que celui des souches saisonnières, en raison du niveau très bas d’immunité préexistante au sein de la population. Parmi celle-ci, les personnes âgées semblent bénéficier d’un certain degré de protection. En effet, les personnes nées avant 1957 ont pour la plupart déjà rencontré soit le virus H1N1 de la grippe espagnole, soit plus vraisemblablement un de ces variants qui ont circulé jusqu’à cette époque.
On ne peut prédire actuellement le nombre de personnes qui seront infectées par le virus H1N1. Le taux d’attaque lors de pandémies antérieures atteignait 20-35%. Il était particulièrement élevé dans les communautés fermées et dans l’entourage familial d’un cas index. Sur base des données actuelles, des experts estiment que la proportion de la population qui pourrait être absente de son lieu de travail, au pic de l’épidémie, atteindrait 10%.

Définir une stratégie de vaccination

L’administration d’un vaccin issu d’une souche spécifique de la grippe pandémique apparaît comme une voie de protection efficiente de certains groupes de population. Cependant, au moment de rédiger cet article, on ne dispose encore que de peu d’éléments quant au profil d’efficacité et de sécurité des vaccins en cours de mise au point. Les premiers vaccins pandémiques devraient être mis sur le marché dans les prochaines semaines ; leur production s’échelonnera sur de nombreux mois.
Une stratégie de vaccination est indispensable afin d’utiliser au mieux les vaccins qui seront progressivement disponibles. Les objectifs à rencontrer sont d’offrir une protection aux personnes les plus vulnérables vis-à-vis de la grippe pandémique, de ralentir la diffusion de l’épidémie au sein de la population et de contribuer à maintenir les activités essentielles de la vie sociale.
Les professionnels de la santé devront être vaccinés, à la fois pour protéger les patients dont ils s’occupent (particulièrement les plus vulnérables comme les patients immunodéprimés et les bébés de moins de 6 mois) que pour les protéger eux-mêmes. Ceci apparaît essentiel pour éviter l’absentéisme dans le cadre d’une épidémie qui induira une surcharge importante des services de soins. Ainsi, le Strategic Advisory Group of Experts on Immunisation (SAGE) de l’OMS a émis le 24 juillet 2009, pour tous les pays, la recommandation de vacciner leurs travailleurs de la santé comme première priorité, afin de préserver les infrastructures de soins (voir encadré 1).
L’actuelle grippe pandémique diffère des grippes saisonnières (et probablement des précédentes grippes pandémiques). Les groupes à risque de complications sont donc différents. L’ECDC (European Center for Disease Control and Prevention) propose les groupes à risque suivants (août 2009) :
 personnes de moins de 65 ans atteintes d’une maladie chronique
 jeunes enfants (en particulier ceux âgés de moins de 2 ans)
 femmes enceintes.

Encadré 1 : priorités OMS – SAGE

1. Travailleurs de la santé
2. Femmes enceintes (diminution de la morbidité et de la mortalité)
3. Individus âgés de plus de 6 mois atteints par une ou plusieurs affections chroniques (diminution de la morbidité et de la mortalité)
4. Jeunes adultes en bonne santé (> 15 ans et < 49 ans) (diminution de la morbidité et de la mortalité)
5. Enfants en bonne santé (diminution de la transmission, mais l’efficacité potentielle de cette mesure reste incertaine)
6. Adultes en bonne santé âgés de plus de 49 ans et de moins de 65 ans (diminution de la morbidité et de la mortalité)
7. Adultes en bonne santé âgés de plus de 65 ans (diminution de la morbidité et de la mortalité)

On le constate, les personnes âgées de 65 ans et plus ne sont pas citées, car à moindre risque d’être infectées ; cependant, l’ECDC signale qu’il y a quelques indications que lorsqu’elles sont infectées, elles aient une maladie plus sévère que les personnes plus jeunes.
Aux états-Unis, le CDC et l’ACIP (Advisory Commitee on Immunisation Practice) ont émis en juillet 2009 des recommandations de groupes cibles pour la vaccination contre la grippe H1N1 ; l’ACIP considère les groupes suivants comme prioritaires lorsque les premiers vaccins seront disponibles :
 les femmes enceintes
 les personnes vivant ou s’occupant d’enfants de moins de 6 mois
 le personnel de la santé et des services d’urgence en contact direct avec des patients- les enfants âgés de 6 mois à 4 ans
 les enfants âgés de 5 à 18 ans atteints de maladies chroniques.

Ultérieurement, outre la protection des personnes les plus vulnérables et dans l’objectif de ralentir l’épidémie -si le nombre de doses sur le marché est suffisant-, un groupe cible de la vaccination pourrait être les enfants, vu le taux d’attaque particulièrement élevé dans ce groupe d’âge (écoles) et leur rôle de diffuseur du virus.

Au moment de rédiger cet article, les groupes cibles de la vaccination en Belgique n’étaient pas encore déterminés. Le Commissariat Interministériel Influenza communiquera prochainement les recommandations choisies dans le contexte particulier de notre pays, et en fonction notamment de la disponibilité des vaccins. Le stock de vaccins sera géré par les autorités, selon des modalités encore à préciser. Les candidats vaccins contre le H1N1 sont actuellement testés dans plusieurs institutions scientifiques. Pour gagner du temps, les Commissions d’éthique ont augmenté la fréquence de leurs réunions ; le recrutement de volontaires prend quelques jours plutôt que quelques semaines. Cependant, la procédure suivie est identique à celle des essais d’autres candidats vaccins. Ceci signifie concrètement que nous pouvons attendre les résultats sur la sécurité et l’immunogénicité des différents candidats vaccins pour la fin du mois d’octobre 2009. Dans le cas d’un accroissement de gravité de la grippe liée au H1N1, un plan B existe : ce plan d’urgence autorise l’enregistrement de vaccins H1N1 sur base de données de qualité issues des études en laboratoire, sans attendre la fin des essais habituels des vaccins. Il est très peu probable qu’un tel plan B soit activé, mais il est raisonnable qu’il soit prévu. Rappelons que l’actualité de la grippe pandémique dans notre pays peut être suivie sur le site www.influenza.be.

Référence :
Interim guidance : Use of specific pandemic influenza vaccines during the H1N1 2009 pandemic - ECDC août 2009. http://ecdc.europa.eu/en/Pages/home.aspx

Bon pour la pratique

Maintenir la vaccination des groupes à risque contre la grippe saisonnière.
La saison de grippe 2008-2009 verra la coexistence des virus de la grippe saisonnière et du virus pandémique. Ainsi, en Australie, le système de surveillance de l’influenza a montré durant la présente saison grippale en hémisphère sud, la présence des virus saisonniers en début de période d’observation, puis progressivement un glissement vers une prépondérance de cas liés au virus H1N1 pandémique. Le vaccin contre la grippe saisonnière n’offre aucune protection contre la grippe pandémique, et l’inverse sera vrai. Ce sont deux raisons pour lesquelles il est essentiel de vacciner, comme chaque année, les personnes appartenant aux groupes à risque. Pour la grippe saisonnière, ceux-ci sont définis par le Conseil Supérieur de la Santé comme suit :

  • Groupe 1 : les personnes à risque de complications à savoir :
     toute personne au-delà de 65 ans
     les personnes institutionnalisées
     tout patient à partir de l’âge de 6 mois présentant une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire, cardiaque, hépatique, rénale, métabolique ou des troubles immunitaires (naturels ou induits)
     les enfants de 6 mois à 18 ans sous thérapie à l’aspirine au long cours.
  • Groupe 2 : le personnel du secteur de la santé en contact direct avec les personnes du groupe 1.
  • Groupe 3 : les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la vaccination.
  • Groupe 4 : les personnes de 50 à 64 ans, même si elles ne sont pas identifiées comme à risque car il y a une chance sur trois qu’elles présentent au moins un facteur de complications : tout particulièrement les fumeurs, les buveurs excessifs et les personnes obèses.
    Pour rappel, le vaccin fait l’objet d’un remboursement par l’INAMI s’il est prescrit dans l’une des situations suivantes :
    a) pour des bénéficiaires âgés de 50 ans ou plus ;
    b) pour les bénéficiaires qui sont atteints d’une des maladies chroniques suivantes : affections cardiaques, pulmonaires, rénales, diabète, hémoglobinopathie ou souffrant d’immuno-dépression ;
    c) pour les éleveurs professionnels de volailles et/ou de porcs ainsi que pour les membres de leur famille vivant sous le même toit et pour les personnes qui, du fait de leur profession, sont en contact journalier avec de la volaille ou des porcs vivants ;
    d) pour les bénéficiaires appartenant au personnel soignant en contact direct avec les personnes à risque accru de complications ;
    e) pour les bénéficiaires enceintes après le 1er trimestre de grossesse ;
    f) pour des bénéficiaires institutionnalisés ;
    g) pour les bénéficiaires de 6 mois à 18 ans sous thérapie à l’acide acétylsalicylique.
    Le remboursement peut être accordé pour autant que le médecin traitant appose sur la prescription la mention « régime du tiers payant applicable ».

Abonnez-vous à la newsletter