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Maladies infectieuses : actualisation 2017 (2è partie)

publié le jeudi 14 septembre 2017

Cet article complète celui publié dans le numéro de mai 2017, consacré aux maladies infectieuses évitables par vaccination. Il aborde la malaria, la dengue, le chikungunya, la fièvre à virus West Nile, le zika et le MERS-CoV.

1. Malaria

Le paludisme est pour les voyageurs la première cause de décès par infection dans les tropiques. Le paludisme est transmis par le moustique anophèle.
Le paludisme ne survient que dans les régions tropicales et dans certaines régions sub-tropicales. A une altitude de 1500-2500 m (en fonction de la température et du climat), il y a peu ou pas d’anophèles et le risque de paludisme est ainsi réduit. Dans la plupart des grandes villes d’Asie ou d’Amérique latine, il y a peu ou pas de risque de contamination. En Afrique, le risque reste généralement réel, même dans les villes. Dans certaines régions, le risque varie considérablement selon les saisons.

La période d’incubation est en moyenne de 1 à 4 semaines (rarement plusieurs mois). La maladie se caractérise par de la fièvre, mais peut d’abord ressembler à une grippe ordinaire. Si un traitement approprié n’est pas mis en place rapidement, la maladie peut être fatale. Reconnue en temps opportun, la malaria peut être parfaitement soignée.

Toute augmentation de la température (à partir de 38°c sous l’aisselle) d’une durée de plus de 24 heures et survenant pendant ou jusqu’à trois mois après un séjour dans une région où le paludisme sévit, doit être considérée - même en l’absence d’autres symptômes - comme un accès de paludisme jusqu’à preuve du contraire et demande une action médicale rapide. La seule façon de confirmer le diagnostic avec certitude (ou de l’exclure) repose sur un test sanguin (goutte épaisse et un frottis sanguin, en combinaison avec un test rapide).

Prévention

  • Il n’y a à ce jour aucun vaccin contre le paludisme pour les voyageurs. Il y a plusieurs tests en cours avec des vaccins expérimentaux dans les pays endémiques. L’Agence Européenne du Médicament (EMA) a remis un avis scientifique positif quant à un vaccin contre le P. falciparum (Mosquirix), dont l’usage envisagé est la vaccination des enfants en Afrique sub-saharienne.
  • Mesures contre les piqûres de moustiques : de la tombée de la nuit au matin. Si ces mesures sont appliquées correctement, le risque de paludisme est réduit d’au moins 80 à 90%. Elles sont particulièrement recommandées pour les enfants, les femmes enceintes, les patients aspléniques et les personnes âgées, en raison de leur vulnérabilité accrue et d’un risque d’évolution grave de la malaria.
  • Dès le crépuscule, porter des vêtements de couleur claire couvrant les bras et les jambes autant que possible.
  • Enduire les parties du corps découvertes avec un insectifuge comme le DEET, le citrodiol (extrait de l’huile d’eucalyptus : p.e. Natural Care Plus®, Mosegor® / Mosiguard®) ou la Picaridine (p.e. Care Plus®, Repel-it®, Parazeet®). D’autres produits ne sont pas recommandés actuellement.
  • Dormir la nuit dans des chambres à l’abri des moustiques (moustiquaires sur les fenêtres, plaques antimoustiques électriques ; la climatisation n’écarte pas toujours les moustiques) ou dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide (perméthrine ou deltaméthrine), placée au-dessus du lit avec les bords rentrés sous le matelas.
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Chimioprophylaxie
La décision de prescription de médicaments antimalariques (toujours en combinaison avec des mesures de prévention des piqûres de moustiques) dépend de la destination et aussi, dans certaines régions, des modalités de séjour. Au sein du même pays / région, le type de prévention du paludisme peut varier en fonction de la saison, de la durée et des conditions de séjour.

Il existe différents types de médicaments antimalariques. Le médecin déterminera en fonction du patient celui qui est le plus approprié. Les médicaments contre le paludisme sont très efficaces et offrent une protection de plus de 95% en cas de prise correcte.

  • Pour les voyages vers un pays avec un risque élevé de paludisme, la prise préventive d’antipaludiques est presque toujours recommandé.
  • Parfois, on pourra opter temporairement pour une chimioprophylaxie pendant des périodes limitées au cours d’un long voyage (chimioprophylaxie sur demande), par exemple durant un passage dans une zone avec un risque significatif de paludisme.
  • Lors de voyages dans des zones à risque modéré ou bas de paludisme, les médicaments de prévention du paludisme ne sont pas toujours nécessaires et le risque de paludisme doit être mis en balance avec les effets secondaires potentiels et le coût de la chimioprophylaxie. Parfois, seule une prévention des piqûres de moustiques sera recommandée.

Traitement d’urgence de la malaria

Lorsqu’aucune chimioprophylaxie n’est prescrite, il peut être utile de prévoir un traitement d’urgence contre le paludisme en cas de voyage (sur plusieurs semaines) à travers une zone à risque modéré ou variable de paludisme. En cas de fièvre (plus de 24 heures), le patient peut commencer ce traitement d’urgence du paludisme dans l’attente d’une consultation. Ce traitement d’urgence n’exonère cependant pas d’un avis médical. Ce traitement est rarement nécessaire pour les touristes ordinaires qui appliquent correctement les mesures de prévention.

Test rapide

Un test rapide de diagnostic de la malaria (test antigénique) est utilisé avec succès en combinaison avec les tests de laboratoire classiques que sont la goutte épaisse et le frottis sanguin effectués par un personnel qualifié. Le test rapide est spécifique pour le P. falciparum et ne peut donc pas être utilisé en remplacement de la goutte épaisse du fait de la non détection d’autres types de parasites. Cette technique n’a pas été validée pour une utilisation par des profanes et il ne peut donc pas être vendu comme "autotest".
Il existe différents tests proposés à la vente sur Internet, de qualité parfois très variable. L’utilisation de ce type de test n’est pas recommandée pour le voyageur et n’offre pas assez de fiabilité pour conclure si une personne a le paludisme ou non.

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2. Dengue et chikungunya

Dengue et chikungunya sont des infections virales qui sont transmises par un moustique Aedes qui pique durant dans la journée.

La dengue sévit en Asie du Sud, dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, en Afrique et sporadiquement dans le nord de l’Australie. La maladie est en plein essor actuellement dans de nombreuses régions tropicales.

Le virus du chikungunya est présent dans une grande partie de l’Afrique. En 2006, une épidémie de chikungunya a éclaté sur plusieurs îles de l’Océan Indien (Seychelles, Maurice, La Réunion), mais la maladie est maintenant sous contrôle, avec survenue de peu de cas. Actuellement, il y a des épidémies en Inde et en Asie du Sud et du Sud-Est et en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
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Prévention

Dans certains pays endémiques, on vaccine depuis peu contre la dengue. Cette vaccination n’est pas indiquée pour les voyageurs en raison de son efficacité limitée et de l’absence de rappels naturels.
Il n’existe toujours pas de vaccin contre le chikungunya.
La seule prévention possible repose sur les mesures de protection vis-à-vis des moustiques.

3. La fièvre à virus West Nile

Le virus West Nile (ou virus du Nil occidental) appartient au groupe des Flaviviridae (fièvre jaune, dengue, encéphalite japonaise, FSME). Le virus est transmis par les moustiques Culex, qui piquent principalement la nuit.
Le virus provoque des infections en Afrique, en Europe (épidémie majeure en Roumanie en 1996, cas isolés dans le sud de la France, en Espagne et en Italie), au Moyen-Orient (y compris Israël), en Ukraine et en Russie méridionale, en Asie et depuis 1999 aussi aux Etats-Unis.

Prévention

Il n’existe pas de vaccin contre le virus West Nile. La seule prévention possible repose sur les mesures de protection contre les piqûres de moustiques.

Plus d’informations.

4. Zika

Les virus zika est un flavivirus, comme ceux de la dengue et de la fièvre jaune. Ce virus est principalement transmis durant la journée par des moustiques Aedes. La maladie peut également être transmise pendant la grossesse de la mère à l’enfant à naître, par contact sexuel et par des transfusions sanguines. Le virus zika peut provoquer des anomalies chez le fœtus comme un retard de croissance, des troubles oculaires et des troubles neurologiques tels que microcéphalie, et troubles du développement psychomoteur.

Une épidémie sévit depuis 2015 en Amérique centrale et en Amérique du Sud, dans les Caraïbes, mais aussi dans des îles de l’Océan Pacifique, dans certains pays asiatiques et dans quelques Etats américains (actuellement le Texas et la Floride). L’épidémie est en constante évolution et une cartographie actualisée peut être consultée sur le site de l’ECDC.

Prévention

Il n’existe pas de vaccin et la seule prévention possible repose sur les mesures de protection contre les piqûres de moustiques.

Grossesse et zika

  • Il est recommandé aux femmes enceintes et à celles qui envisagent de devenir enceintes pendant ou peu de temps après le voyage de ne pas se rendre dans les pays où une épidémie de zika sévit.
  • Les couples ayant un désir de grossesse qui ont voyagé dans un passé récent dans un pays où une épidémie de zika sévit doivent consulter un spécialiste pour évaluer le risque de contamination et réaliser un éventuel test de laboratoire. En présence de symptômes de la maladie, il est préférable de consulter le plus rapidement possible ; en l’absence de symptômes, il est préférable de consulter 3 semaines après l’exposition potentielle.
  • En raison des quelques cas décrits de transmission sexuelle, l’utilisation du préservatif est recommandé lors d’un séjour dans une région où une épidémie de zika sévit. Ceci est particulièrement recommandé à une femme enceinte ou ayant un désir de grossesse. C’est valable aussi pour les couples où seul l’homme a séjourné dans une région où une épidémie de zika est en cours.

Plus d’informations.

5. MERS-CoV

Le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) est lié à un assez nouveau type de coronavirus, qui a provoqué une épidémie dans plusieurs pays du Moyen-Orient et en Corée du Sud à partir de 2012. Le virus peut causer des maladies graves, en particulier chez les personnes souffrant d’autres problèmes de santé. Depuis la découverte du virus, il y a 1.800 patients dans le monde (septembre 2016) pour lesquels un MERS a été confirmé. Parmi ces personnes, 640 sont décédées.
Le virus circule toujours au Moyen-Orient. Le risque de contamination est faible pour un voyageur. Jusqu’à présent, aucun cas de MERS-CoV n’a été déclaré dans notre pays.
Les voyageurs vers le Moyen-Orient qui, pendant le voyage ou dans les deux semaines de leur retour, présentent des symptômes comme de la fièvre, de la toux, des problèmes respiratoires ou de la diarrhée doivent consulter leur médecin.

Plus d’informations.

Prévention

Il n’existe pas de vaccin contre le MERS-CoV.

Les personnes en mauvaise santé ou souffrant de maladies chroniques (diabète, maladies pulmonaires chroniques, maladies rénales, troubles immunitaires) sont invitées à consulter leur médecin pour évaluer le risque lié au voyage (à La Mecque notamment).
L’Arabie Saoudite conseille aux femmes enceintes, aux enfants de moins de 12 ans et aux personnes de plus de 65 ans de reporter le voyage.
Les voyageurs doivent adopter des mesures strictes d’hygiène et éviter tout contact avec les malades, les animaux (en particulier les chameaux) et les déchets animaux. Il est recommandé de ne pas manger ou boire des produits animaux crus (y compris le lait de chamelle).

Paul Geerts

Sources

• Consensus médecine de voyage 2016 - Présentation
http://www.itg.be/Files/docs/Reisgeneeskunde/BEConsensusMeeting24062016Final.pdf
• Consensus médecine de voyage 2016 - Synthèse
http://www.itg.be/Files/docs/Reisgeneeskunde/20160624CONSENSUSMEETINGTRAVELfinal.pdf

• Website www.itg.be


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