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Zonaprint

La vaccination des enfants contre la varicelle augmente-t-elle le risque de zona chez les adultes ?

publié le mardi 17 avril 2018

En 2017, le Conseil supérieur de la santé (CSS) a publié un avis sur la vaccination contre la varicelle. Le CSS affirme être convaincu de l’utilité de la vaccination contre la varicelle avec un calendrier de deux doses. Cependant, le CSS ne recommande pas actuellement la vaccination généralisée avec ce vaccin. Une des raisons en est l’influence possible de la vaccination contre la varicelle généralisée sur l’incidence globale du zona.

Le CSS fait référence à l’hypothèse de la stimulation dite exogène (exogenous boosting). Celle-ci stipule qu’une exposition répétée au VZV (varicella zoster virus) de type sauvage active l’immunité cellulaire des adultes qui ont auparavant contracté la varicelle, et réduit ainsi le risque de zona. Si l’hypothèse de la "stimulation exogène" est correcte, un programme de vaccination des enfants contre la varicelle entraînera une augmentation significative de l’incidence du zona chez les adultes.

Des modèles mathématiques ont été appliqués sur base de l’hypothèse selon laquelle l’exposition au VZV de type sauvage protège les personnes ayant précédemment souffert de la varicelle contre le zona, pendant environ 20 années. Ces modèles estiment qu’une vaccination généralisée contre le VZV entraînerait une augmentation temporaire de l’incidence du zona à moyen terme (30 à 75 ans après l’introduction de la vaccination), accompagnée d’une perte générale d’années de vie ajustées sur la qualité (QALY) (Ogunjimi et al., 2013).
Récemment, la durée de protection contre le zona après une exposition naturelle au VZV a été estimée beaucoup plus courte, à savoir 2 ans, ce qui rend incertain - en supposant que l’hypothèse exogène soit correcte - le fait que la vaccination VZV des enfants conduirait à une perte nette de QALY dans la population (Ogunjimi et al., 2015).

Nouvelles hypothèses

Ce concept de "stimulation exogène" est cependant en discussion car il n’est pas confirmé de manière non ambiguë par des études épidémiologiques de surveillance. Selon une récente étude publiée dans Journal of Infection (Gershon 2017), l’augmentation prévue de l’incidence du zona n’est pas observée après quinze ans de vaccination généralisée contre la varicelle aux États-Unis. Selon les auteurs, nous devons revoir les mécanismes de l’immunité à long terme contre le VZV.
Il y a bien un accroissement de l’incidence du zona, mais ce dernier a commencé au milieu du XXè siècle, longtemps avant la vaccination des enfants contre la varicelle. En outre, cette augmentation est également observée dans les pays qui ne vaccinent pas systématiquement contre la varicelle. Les explications possibles de cette augmentation sont le vieillissement de la population, le nombre croissant de personnes immunodéprimées et le stress accru auquel les personnes sont exposées.
Il y a de plus en plus de preuves d’une stimulation endogène due à une exposition interne au VZV réactivé asymptomatique. Dans un certain nombre d’études, ce mécanisme de réactivation asymptomatique a été démontré par PCR : l’ADN du VZV a été trouvé dans le sang et la salive, à la fois chez des individus sains et immunodéprimés. Il y a également eu des cas de femmes asymptomatiques qui ont transmis le VZV à leurs enfants au moment de l’accouchement. Une étude particulièrement intéressante dans ce contexte a été réalisée chez des religieuses et des moines vivant en communauté (Gaillat J et al 2011). L’incidence du zona chez ces personnes (-15%) sur une période de 30 ans était comparable à celle de la population générale, alors qu’ils n’avaient jamais été exposés au virus sauvage. On peut en déduire que la persistance de l’immunité ne dépend pas essentiellement de l’exposition au virus sauvage.
Compte tenu des preuves croissantes en faveur de la réactivation asymptomatique du VZV et des informations épidémiologiques dont nous disposons maintenant après des années de vaccination contre le VZV, il est, selon Gershon, peu probable que la vaccination généralisée contre le VZV entraîne une augmentation de l’incidence du zona chez les adultes qui ont fait dans le passé une varicelle.

Sources
 Conseil Supérieur de la Santé. Vaccination des enfants, des adolescents et des personnes à risque contre la varicelle. Bruxelles : CSS ; 2017. Avis n° 9212.
 Ogunjimi B, Van Damme P & Beutels P. Herpes Zoster Risk Reduction through Exposure to Chickenpox Patients : A Systematic Multidisciplinary Review. PLoS One. 2013. 8 : e66485.
 Ogunjimi B, Willem L, Beutels P et al. Integrating between-host transmission and within-host immunity to analyze the impact of varicella vaccination on zoster. Elife 2015. 4 : e07116
 Gershon AA. Is chickenpox so bad, what do we know about immunity tot varicella zoster virus, and what does it tell us about the future ? Journal of Infection. 2017. 74 (Suppl 1) : S27-S33
 Gaillat J, Gajdos V, Launay O et al. Does Monastic Life Predispose to the Risk of Saint 
Anthony’s Fire (Herpes Zoster) ? Clin Infect Dis. 2011. 53 (5) : 405-410.


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