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Sécuritéprint

Le choc anaphylactique

publié le lundi 1er mai 2006

Le choc anaphylactique consécutif à une vaccination est une complication grave, mais exceptionnellement rare. Les directives reprises dans cet article ont été approuvées par le Conseil Supérieur d’Hygiène, dont la recommandation peut être consultée in extenso sur le site du CSH.

Brève description de la réaction anaphylactique

Lors de l’exposition à un allergène chez une personne préalablement sensibilisée, les mastocytes et les basophiles libèrent de grandes quantités de médiateurs. La réaction allergique la plus prononcée est le choc anaphylactique, qui est caractérisé par une hypovolémie sévère secondaire à une perméabilité vasculaire accrue accompagnée ou non d’un œdème laryngé et/ou d’un bronchospasme. Il est indispensable de relever les symptômes associés pour faire le diagnostic différentiel avec la réaction vagale plus fréquente (voir tableau 2).

Incidence du choc anaphylactique après vaccination

Il y a peu de données disponibles sur l’incidence du choc anaphylactique après vaccination. Une étude américaine de 2003 est basée sur l’administration de 7.664.049 vaccins (DT, DTP, DTPa, DTP - IPV, Td,Influenza, Hép A, Hép B, Hib, IPV, OPV, RRO et varicelle) à des enfants âgés de 0 à 17 ans. Au total, 3 cas possibles et 2 cas probables de choc anaphylactique ont été enregistrés (soit un total de 0,65 cas par million de doses). Avec près de 1,5 million de doses administrées aux enfants en 2004, selon le calendrier de vaccination recommandé, on peut attendre en Belgique annuellement, sur base de ces chiffres d’incidence, une moyenne d’un cas de choc anaphylactique post-vaccinal possible ou probable. Il s’agit donc d’un phénomène exceptionnellement rare.

On peut encore diminuer l’incidence des réactions anaphylactiques post-vaccinales, en identifiant préalablement, par questionnaire ou anamnèse orale, les enfants ayant une allergie connue à un des composants du vaccin. Les enfants dont le risque de réactions anaphylactiques post-vaccinales est accru, doivent être vaccinés en milieu hospitalier, où un personnel entraîné peut fournir les soins urgents adéquats.

L’analyse de risque préalable à la vaccination

Dans le cadre de cette analyse des risques, le terme de choc anaphylactique recouvre : une réaction allergique grave avec symptômes au niveau du système respiratoire (par ex. œdème laryngé, bronchospasme) et/ou cardio-vasculaire (par ex. tachycardie, état de choc), associés ou non à des symptômes cutanés (par ex. prurit, urticaire, œdème vasculaire) ou gastro-intestinaux (par ex. nausées, vomissements,diarrhée).

En cas de survenue d’une réaction anaphylactique lors de l’injection d’un précédent vaccin, ou en cas d’antécédent de réaction anaphylactique grave après un contact avec oeufs, néomycine ou polymyxine, l’administration de l’un ou plusieurs des vaccins mentionnés ci-après - pouvant contenir ces composants à titre de trace ou de conservateur- n’est pas conseillée en dehors du milieu hospitalier. En outre,on rapporte qu‘en cas d’antécédent de réaction anaphylactique après un contact avec du latex, l’administration de vaccins munis d’un protecteur d’aiguille ou d’un piston en caoutchouc peut être à l’origine de la survenue d’un choc anaphylactique.

Le tableau ci-dessous reprend les vaccins faisant actuellement partie du programme vaccinal de base de la communauté flamande et/ou française (2006), et mentionne les contre-indications relatives à la survenue de réactions anaphylactiques en cas de vaccination sadministrées en milieu non hospitalier.

Surveillance après vaccination

Comme la survenue d’un choc anaphylactique n’est pas totalement exclue après une vaccination et comme les enfants n’ayant pas d’antécédents connus d’allergie ne sont par définition pas identifiables par l’anamnèse, les vaccinateurs doivent prendre les mesures nécessaires de prévention et être prêts à tout moment pour démarrer immédiatement le traitement nécessaire.
En conséquence, chaque enfant doit rester, après administration d’un vaccin, sous surveillance pendant 15 minutes.

Indispensable : l’adrénaline

L’adrénaline est la pierre angulaire du traitement du choc anaphylactique.
Au Royaume-Uni, en 2001, des directives pour le traitement du choc anaphylactique par les infirmières communautaires (community nurses) ont été approuvées par un ensemble de sociétés scientifiques. Seule l’adrénaline a été retenue comme médication, complétée d’une réanimation cardio-pulmonaire en cas de choc profond. Ce choix a été confirmé dans les recommandations australiennes en 2003 et,plus récemment nord américaines.
La dose recommandée chez les enfants est de 0,01 mg/kg de poids corporel.Pour un traitement efficace et sûr du choc anaphylactique en milieu extra-hospitalier, l’administration intramusculaire de l’adrénaline est indiquée. Des études randomisées montrent que la concentration plasmatique en adrénaline est plus élevée et plus rapidement atteinte après administration intramusculaire dans la face antérolatérale de la cuisse, en comparaison d’une administration sous-cutanée ou d’une injection dans le deltoïde.

En cas de réaction allergique, on peut uniquement utiliser l’adrénaline lorsqu’il y a danger vital par hypotension, bronchospasme ou œdème laryngé.
Les complications (entre autres l’arythmie et l’ischémie cardiaque) surviennent le plus souvent suite à un surdosage ou à une administration intraveineuse de l’adrénaline.
Les personnes âgées et les personnes présentant une hypertension, une artériopathie ou une affection cardiaque ischémique courent un risque plus élevé.
Jusqu’à présent, aucun cas de complication n’a été rapporté suite à une administration, par voie intramusculaire, à des enfants d’une dose adaptée d’adrénaline, dans une indication correcte.

Les questions à poser aux parents et/ou aux jeunes afin de limiter au maximum le risque de réaction anaphylactique post-vaccinale

Lors de la demande d’autorisation de vaccination, il convient de poser tout ou partie des questions suivantes, en fonction du vaccin à administrer :
1. Votre enfant a-t-il par le passé présenté une réaction allergique à la suite d’une vaccination, avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté à respirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
Si oui, détaillez quelle réaction
2. Votre enfant présente-t-il une réaction allergique après la prise d’antibiotiques (néomycine, streptomycine et polymyxine), avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté à respirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
3. Votre enfant présente-t-il une réaction allergique suite à l’ingestion d’œufs, avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté à respirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
4. Votre enfant présente-t-il une réaction allergique suite à l’ingestion de levure, avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté à respirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
5. Votre enfant présente-t-il une réaction allergique après un contact avec du latex, avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté à respirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
6. Votre enfant présente-t-il une réaction allergique après un contact avec de la gélatine, avec gonflement de la bouche ou de la gorge, difficulté àr espirer ou problèmes cardiaques ? (oui/non)
7. Votre enfant prend-il actuellement des médicaments ? (oui/non)
Si oui, lesquels ?

Dans le cas où un enfant ou un jeune est vacciné en l’absence de ses parents (par exemple dans le cadre de la médecine scolaire) et qu’il a été répondu “oui” à l’une (ou plusieurs) des 5 premières questions ci-dessus, il convient de prendre contact par téléphone avec les parents afin d’obtenir de plus amples informations.

En guise de recommandation générale, on retiendra que dans le cas où l’on a connaissance d’un risque accru de choc anaphylactique (comme il ressort de l’analyse de risques), il convient de mettre en balance l’utilité de la vaccination avec le risque encouru. Dans le cas où l’on décide de vacciner, l’administration doit avoir lieu en milieu hospitalier, où l’on dispose d’un personnel entraîné pouvant prodiguer rapidement des soins plus adéquats.

Interférences entre adrénaline et certains autres médicaments

En cas de prise d’antidépresseurs tricycliques, d’IMAO (inhibiteurs de la monoamine-oxydase) ou de ß-bloquants, il existe un risque accru d’effets indésirables à l’administration d’adrénaline. Dans ce cas, il est conseillé de diminuer la dose d’adrénaline de moitié. Pour autant, il faut vérifier la prise éventuelle de médicaments à l’aide de l’anamnèse ou d’un questionnaire.

Tableau 2 - Diagnostic différentiel entre choc anaphylactique et syncope vasovagale chez les jeunes et adolescents
Choc anaphylactiqueSyncope vasovagale (évanouissement)
Urticaire, prurit et œdème vasculaire Pas d’urticaire, de prurit ni d’œdème vasculaire
Oedème laryngé,bronchospasme Pas de bronchospasme
Hypotension avec tachycardie réflexe Hypotension, pâleur,bradycardie, évanouissement, nausées et parfois vomissement

Mode de stockage de l’adrénaline

L’adrénaline doit être conservée dans un endroit bien défini et connu de tous. Les modalités de stockage varient selon le fabricant. Il convient de consulter la notice d’utilisation afin de connaître la température de stockage conseillée. L’adrénaline doit toujours être conservée à l’abri de la lumière.

La composition du kit d’urgence

• 2 ampoules d’adrénaline solution à 1mg/1ml
• 2 seringues de 1 ml, graduées au 1/100, sous emballage stérile
• 2 aiguilles 25G-1 (longueur d’aiguille 25 mm), sous emballage stérile.

Karel Hoppenbrouwers
Dienst Jeugdgezondheidszorg KUL
Anouk Vanlander,
Vlaamse Wetenschappelijke Vereniging voorJeugdgezondheidszorg


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