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Pneumocoqueprint

Evolutions épidémiologiques

publié le lundi 15 avril 2019

Depuis l’introduction de la vaccination généralisée contre les pneumocoques, en 2007, on observe globalement une tendance à la baisse du nombre de cas d’infections invasives à pneumocoques (IIP) chez les enfants âgés de moins de 16 ans. En 2017 et 2018, environ 2 ans après l’introduction du vaccin conjugué 10-valent PCV10, on observe cependant, par rapport à 2015, une évolution des principaux sérotypes (ST) responsables de l’IIP chez les enfants de moins de 2 ans.

Outre les infections invasives, le pneumocoque est responsable d’un grand nombre d’infections bactériennes des voies respiratoires supérieures et inférieures. Par exemple, le Conseil supérieur de la santé (CSS) cite une étude qui a montré que, entre 2008 et 2009, 73,9% des pneumonies communautaires sans bactériémie (CAP - community acquired pneumonia) ayant entraîné une hospitalisation en Belgique, chez des enfants de moins de 15 ans, étaient causées par S. pneumoniae. 80% des otites moyennes aiguës (OMA) sont également causées par S. pneumoniae et/ou Haemophilus influenzae. L’incidence annuelle des OMA chez les enfants de moins de 4 ans est estimée par le CSS, en Belgique, à 136/1.000.

Le diagnostic de l’infection à pneumocoque est basé, entre autres, sur une sérologie montrant une hausse significative des anticorps.

Vaccination

La vaccination contre le pneumocoque a été introduite dans notre pays en 2004 et a été généralisée en 2007 pour les enfants au moyen du vaccin conjugué PCV7, puis à partir de 2011 au moyen du PCV13. En juillet 2015 (Flandre) et en mai 2016 (Fédération Wallonie - Bruxelles), le PCV13 a été remplacé par le PCV10.
Grâce à la vaccination, les cas d’IIP dus aux sérotypes présents dans le PCV7 ont presque disparu chez les enfants de moins de 16 ans, dans un contexte de taux de vaccination supérieur à 95% dans les 3 Régions depuis 2011.
L’impact de la vaccination se traduit également par le remplacement des sérotypes circulant, et plus spécifiquement le remplacement des sérotypes contenus dans les vaccins par des sérotypes non contenus dans les vaccins.

Sérotypes présents dans les vaccins conjugués

Vaccin Sérotypes
PCV7 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F, 23F
PCV10 (Synflorix™) 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F, 23F + 1, 5, 7F
PCV13 (Prevenar13™) 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F, 23F, 1, 5, 7F + 3, 6A, 19A

Evolution des infections invasives à pneumocoque

En 2017, le CNR a reçu 200 souches de Streptococcus pneumoniae issues de prélèvement de sites normalement stériles chez les enfants (≤ 15 ans), soit une augmentation par rapport à 2016 (169 cas) et 2015 (171 cas). Le nombre de cas était le plus élevé chez les enfants de moins d’un an (67 cas), suivis par les enfants d’un an (48 cas) et de deux ans (32 cas). En 2017, la provenance des 200 souches est la suivante : 67.5% de Flandre (n=135), 18,5% de Wallonie (n=38) et 15.5% de Bruxelles (n=27).
Une augmentation récente s’observe dans le groupe des enfants de 2 à 4 ans, passant de 38 cas en 2016 à 61 cas en 2017. Pour les enfants de 5-15 ans, le nombre de cas rapporté a diminué de 36 cas en 2016 à 24 cas en 2017.
Si l’on compare le nombre de cas d’IPD en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, on observe une augmentation du nombre de cas dans le groupe de moins de deux ans uniquement en Flandre. Chez les enfants de 2 à 4 ans, cette tendance à la hausse est observée dans les trois régions. Au cours des trois premiers trimestres (janvier à septembre) de 2018, 95 IIP ont été rapportés.

Nombre de cas d’infections invasives à pneumocoques enregistrés chez les enfants ≤ 15 ans, par catégorie d’âge et par année de diagnostic, 2011-2017, Belgique (Source des données : CNR S. pneumoniae, UZ Leuven).

En 2017 et 2018, environ 2 ans après l’introduction du PCV10, on observe, par rapport à 2015, une évolution des principaux sérotypes (ST) responsables de l’IIP chez les enfants de moins de 2 ans. On relève surtout une forte augmentation du sérotype 19A.

  • En 2015, les sérotypes les plus importants étaient 12F (21%), 10A (16%), 33F (9%) et 38 (7%). 94% des IIP étaient alors causés par des sérotypes non présents dans les vaccins conjugués, 2% par les sérotypes présents dans PCV10 et PCV13 et 4% par des sérotypes présents uniquement dans PCV13, mais pas dans PCV10 (ST 19A 2% et ST 3 2%)
  • En 2017 et pendant les trois premiers trimestres de 2018, respectivement 78% et 66% des IIP étaient provoqués par des sérotypes non présents dans les vaccins conjugués.
    En 2017, 3% des IIP étaient en lien avec des sérotypes présents à la fois dans le PCV10 et le PCV13, et 18% avec des sérotypes présents uniquement dans le PCV13, mais pas dans le PCV10 : 14,7% étaient causés le sérotype 19A, contre 2,1% en 2016 est 4% par le sérotype 3.
  • Cette tendance se poursuit au cours des trois premiers trimestres de 2018, 30% des IIP étant dus à des sérotypes présents uniquement dans le PCV13, mais pas dans le PCV10 (6% ST3 et 24% ST19A). ST19A (24%), ST12F (11%), ST24F (9,5%) et ST3 (6%) sont donc les sérotypes d’IIP les plus importants chez les enfants de moins de 2 ans au cours des trois premiers trimestres de 2018.

Portage de pneumocoques

Il existe également des données sur les porteurs de pneumocoques chez les enfants belges (âgés de 6 à 30 mois), collectées chaque année dans des crèches depuis la saison d’hiver 2015-2016( dans le cadre d’une étude menée par UAntwerpen, en collaboration avec le laboratoire de référence sur les pneumocoques). La détection par culture montre que le niveau de portage des sérotypes contenus dans le vaccin (PCV10 ou PCV13) est resté relativement stable, à l’exception du sérotype 19A. Le sérotype 19A était rarement retrouvé initialement : chez moins de 1% des enfants (± 2 enfants/760) en 2015-2016, dont 61% étaient atteints de pneumocoque. Mais depuis peu, il est détecté plus souvent (> 5%) : d’après des données préliminaires de 2017-2018, on le retrouve chez 44 enfants des 953 enfants testés, dont 68% portaient le pneumocoque.

Conclusion

La tendance à la hausse du nombre de cas total d’infections invasives à pneumocoques chez les enfants de 2-4 ans dans les 3 régions et chez les enfants de moins de 2ans en Flandre, ainsi que l’augmentation du nombre de cas causé par le sérotype 19A (compris dans le vaccin PCV-13 mais pas le PCV- 10), incite à la vigilance. C’est la raison pour laquelle le CSS recommande dans son nouvel avis de remplacer le PCV10 par le PCV13.

Références
• Conseil supérieur de la santé. Vaccination contre le pneumocoque. Enfant et adolescent. 2018

• National Reference Center for Invasive S. pneumoniae. Report National Reference Centre invasive S. pneumoniae 2017-2018.

• Boon N, Wyndham-Thomas C, Lagrou K et al. La surveillance épidémiologique des infections invasives à pneumocoques – 2017. Sciensano, Rapport annuel VPD 2017.

• Wouters I, Van Heirstraeten L, Desmet S et al. Nasopharyngeal s. pneumoniae carriage and density in Belgian infants after 9 years of pneumococcal conjugate vaccine programme. Vaccine. 2018. 36 (1) : 15-22


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