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Epidémiologieprint

Wallonie : Couverture vaccinale des enfants de 18 à 24 mois

publié le jeudi 1er septembre 2005

Le maintien d’une bonne couverture vaccinale constitue un enjeu primordial de la santé publique. Il s’agit, non seulement, de protéger chaque enfant mais également d’assurer une protection de groupe permettant le contrôle et éventuellement l’élimination de maladies infectieuses.
En l’absence de tout registre de vaccination à l’échelle de la population, l’évaluation périodique des couvertures vaccinales permet au fil du temps de suivre l’évolution de celles-ci et d’identifier toute variation pouvant avoir un impact sur l’incidence des maladies évitables par la vaccination.
Les résultats de la 6ème enquête de couverture vaccinale réalisée en 2003 auprès des enfants de 18 à 24 mois en Communauté française, Bruxelles excepté, sont présentés ci-dessous.

Calendrier vaccinal : évolutions entre 1999 et 2002

Depuis la dernière enquête de 1999 en Communauté française, le calendrier vaccinal des nourrissons a connu une évolution importante en Communauté française.

En 2001 :
 le passage du vaccin antipoliomyélitique oral vivant atténué (OPV) au vaccin antipoliomyélitique injectable inactivé renforcé (IPV) ;
 le passage du vaccin anticoquelucheux à cellules entières au vaccin anticoquelucheux acellulaire (Pa) ;
 l’abaissement de l’âge du début de la vaccination à 2 mois ;
 le recours aux vaccins combinés DTPa-IPV + Hib qui permettent d’éviter l’inflation du nombre d’injections à faire à l’enfant.

En 2002 :
 l’entrée du vaccin contre le méningocoque C (MénC) dans le calendrier vaccinal.

Objectifs

Le principal objectif de l’enquête de couverture vaccinale est de déterminer la couverture obtenue en 2003 pour chacune des doses de vaccins recommandés dans le calendrier vaccinal, ainsi que le respect de l’âge d’administration de ces doses pour les enfants âgés de 18 à 24 mois.
Parmi les objectifs secondaires, on retiendra le recueil de données concernant les difficultés et les craintes des parents par rapport à l’acte vaccinal ainsi que l’établissement des raisons de non-vaccination des enfants et ce, plus particulièrement, pour les vaccins contre l’hépatite B, le méningocoque C et le vaccin trivalent contre la rubéole, la rougeole et les oreillons.

Méthodologie

L’enquête est basée sur un échantillonnage en grappes avec probabilité proportionnelle à la taille. La localisation des grappes s’est faite à partir d’une base de sondage constituée par une liste cumulée des habitants de la région wallonne. Après avoir identifié par tirage aléatoire les communes dans lesquelles l’enquête devra avoir lieu, la liste des enfants âgés de 18 à 24 mois, inscrits au registre de population de chaque commune tirée est obtenue en accord avec le collège échevinal. Au total, l’enquête s’est déroulée dans 50 communes. La taille initiale de l’échantillon est de 935 enfants.
Les enquêtes sont réalisées au domicile de l’enfant et les informations vaccinales, recueillies à partir du carnet de l’enfant ou d’une carte de vaccination.

Résultats

1.1 Evolution des couvertures vaccinales entre 1999 et 2003

En 4 ans, la plupart des couvertures vaccinales ont augmenté. La progression la plus remarquable est celle du VHB qui a augmenté de près de 15%. Le DTP a, quant à lui, augmenté de près de 8%. Par contre, la vaccination complète contre la polio enregistre une diminution de couverture de plus de 3%. Le Hib et le RRO n’enregistrent aucune différence statistique.
Le vaccin contre le méningocoque C, vaccin introduit en 2002 dans le schéma vaccinal, atteint d’emblée une couverture identique à celle du vaccin RRO.

1.2 Evolution des couvertures de Hib entre 1999 et 2003

A présent que le vaccin Hib est inclus dans le calendrier vaccinal et proposé gratuitement dans le circuit de distribution de la Communauté française, le schéma vaccinal est de 4 doses.
Cependant, le schéma vaccinal Hib varie en fonction de l’âge auquel l’enfant reçoit la première dose : il comprend 3 doses + 1 dose après 12 mois lorsque l’âge au début de la vaccination est < à 6 mois ; il comprend 2 doses + 1 dose après 12 mois lorsque l’âge au début de la vaccination est entre 6 et 12 mois ; il ne comprend qu’une seule dose lorsque l’enfant se fait vacciner après l’âge de12 mois. Une évolution favorable de la qualité du schéma de couverture est enregistrée entre 1999 et 2003.
A l’introduction de la vaccination Hib, ce vaccin étant onéreux et non remboursé, il y avait une tendance à retarder la 1ère administration pour en limiter le nombre de doses nécessaires. En 1999, les enfants vaccinés par une seule dose après 12 mois contribuaient pour 29.1 % à la couverture totale. En 2003, quand l’enfant est vacciné, il a presque toujours reçu 4 doses. Ce schéma contribue pour 81.9 % à la couverture totale.

1.3 Respect du calendrier vaccinal

Un aspect important de la vaccination est le respect des âges auxquels les vaccinations sont recommandées. Cet aspect influence l’efficacité de la vaccination.
Les premières doses de vaccin tétravalent et du vaccin Hib sont administrées dans 87 à 89% à l’âge recommandé de 2 mois. Par contre les deux premières doses de vaccin contre l’hépatite B sont administrées fort tard par rapport au schéma. Ce retard est en grande partie attribuable au manque chronique de vaccins enregistré en2001-2002. Pour la vaccination RRO, plus de la moitié des enfants vaccinés ne respectent pas le schéma recommandé et reçoivent leur vaccin après l’âge de 16 mois.

1.4 Opinions des parents concernant la vaccination

1.4.1 Nécessité de faire vacciner l’enfant contre l’hépatite B selon les parents
74.5 % des parents pensent qu’il est nécessaire de faire vacciner les nourrissons contre l’hépatite B en Belgique.
Parmi les parents qui trouvent qu’il n’est pas nécessaire de les faire vacciner (10.1%) ou alors qui ont un avis mitigé sur la question (6.9%), 35.9% mentionnent une raison qui est liée au “peu” de risque de contracter la maladie. Le manque d’information est cité par 31.1% des parents alors que 20.3% des parents mentionnent le risque d’effets secondaires (voir tableau 3).

1.4.2 Vaccination contre les maladies “non graves” selon les parents
10.8 % (82) des parents pensent que l’on vaccine les enfants contre des maladies qui ne sont pas graves. Dans ce cas, les parents en général citent plusieurs vaccins. La rougeole est la maladie la plus souvent citée, viennent ensuite la rubéole et les oreillons. Ce qui fait en moyenne 2.9 vaccins cités par les parents.
Ce sont les trois maladies contre lesquelles le vaccin trivalent RRO protège qui sont le plus incriminées. Ensemble, ces maladies sont citées dans 76.3% des cas. Presque 8% des parents pensent spontanément à citer l’hépatite B. Par ailleurs, plus de 10 % répondent qu’il n’est pas nécessaire de faire vacciner son enfant contre cette maladie.

Discussion

D’après les résultats de notre enquête, nous pouvons conclure que les transitions vaccinales se sont relativement bien passées et ont permis une stabilisation vaccinale. La distribution du vaccin anticoquelucheux acellulaire et sa faible réactogénécité sont probablement responsables de l’augmentation de 8% de taux de couverture pour la 4ème dose de vaccin DTP.

Une augmentation de près de 15% est à noter pour la vaccination complète contre l’hépatite B.I

l est à déplorer une diminution significative de la couverture contre la polio de plus de 3% (c’est-à-dire de la dernière dose après 12 mois). En effet, de 95.8% en 1999, la couverture est passée à 92.5% en 2003. Cette diminution de 3% ne met pas la population de la Communauté française en “péril”.

Si la couverture totale du Hib n’a guère progressé, la qualité de cette vaccination s’est considérablement améliorée car, à présent, tous les enfants vaccinés le sont dès la première année de vie. La protection vaccinale leur est conférée dès que possible, ce qui n’était pas le cas en 1999.

Le vaccin contre le méningocoque C, dernier vaccin rentré en 2002 dans le circuit vaccinal de la Communauté française, atteint une couverture de 81,5%. Ce succès remarquable est dû non seulement aux campagnes d’information, à la crainte des parents par rapport à la gravité des infections à méningocoque mais également à l’engagement des vaccinateurs et au fonctionnement satisfaisant du circuit de distribution des vaccins.

Le vaccin contre le RRO n’a pas vu sa couverture vaccinale augmenter depuis 1999 puisqu’elle atteint toujours 83%. Ce résultat est médiocre. D’autant plus qu’aucun seuil critique d’immunité n’est atteint pour ces trois valences. Idéalement pour la rubéole, 85-87% de la population devrait être vaccinée. Etant donné la contagiosité et le petit nombre de sujets vaccinés qui n’acquièrent pas d’immunité contre la rougeole, la couverture à atteindre est élevée, soit 95%. Et enfin le taux idéalà atteindre pour les oreillons est de 90à 92%.
Les difficultés ne sont cependant pas insurmontables puisque d’après la classification des raisons de non-vaccination contre le RRO, l’hépatite B ou le méningocoque C, une majorité d’obstacles sont surmontables (près de 79% pour RRO, 57% pour VHB et 71% pour MénC).

L’objectif du programme de maintenir les taux de refus de vaccination inférieur à 10% pour toutes les vaccinations est rencontré. En effet, les taux de refus pour l’hépatite B est de 7%, de 2,3% pour le méningocoque C et de 1,7% pour le RRO.
L’administration concomitante de vaccins est d’autant plus difficile à obtenir qu’elle nécessite 2 injections séparées. La résistance des vaccinateurs à l’administration simultanée de 2 injections reste importante. Elle engendre une augmentation du nombre de visites nécessaires pour vacciner complètement l’enfant. Alors que la vaccination contre l’hépatite B peut être réalisée simultanément à l’administration du vaccin DTPa-IPV, elle ne l’est que dans 16% des cas pour la première dose de vaccin VHB et dans 38% pour la troisième dose. Plus étonnant, alors que le Hib est prévu pour être administré dans la même injection que le vaccin tétravalent, on constate qu’il n’y a que 93% de concordance entre les deux dates de premières doses de chacun de ces vaccins.
A partir de 2004, l’introduction du vaccin hexavalent (DTPa-VHB-IPV/Hib) en Communauté française réduira fortement ces “problèmes” de simultanéité.

Conclusion

Cette 6ème enquête de couverture vaccinale des enfants âgés de 18 à 24 mois réalisée en Communauté française permet de mesurer l’évolution de la vaccination dans notre Communauté. Elle indique que le passage de l’OPV à l’IPV, conjointement au recours du vaccin combiné DTPa-IPV, a permis d’améliorer la protection contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. La diminution de la protection polio enregistrée n’est actuellement pas inquiétante mais elle nécessite une surveillance attentive.
L’amélioration des couvertures Hib et hépatite B ne permet pas d’atteindre les objectifs de 90% de couverture.
Le recours à l’avenir au vaccin hexavalent devrait permettre de se rapprocher de ces objectifs. Toutefois, il faudra être vigilant aux réticences persistantes par rapport à la vaccination contre l’hépatite B et aux conséquences qu’elles pourraient engendrer en cas de refus du vaccin hexavalent.
Le programme de vaccination doit également concentrer ses efforts sur le retard constant de la vaccination contre le RRO. Les objectifs d’élimination de la rougeole ne pourront être atteints sans une amélioration notable de cette couverture vaccinale. Le rattrapage de cette vaccination à l’entrée à l’école est impératif et l’abaissement de l’âge de la deuxième dose de 11 à 6 ans peut être envisagé. Une meilleure information des parents mais aussi des vaccinateurs s’impose.
La prévention vaccinale garde aux yeux des parents une importante valeur positive. Cependant, l’information des parents sur le calendrier vaccinal et de chaque vaccination doit rester une préoccupation constante du programme.

Dr Béatrice Swennen
Emmanuelle Robert

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