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Pneumocoqueprint

Vaccination de l’adulte contre le pneumocoque

publié le jeudi 1er septembre 2005

Un groupe de travail a réalisé, en fin d’année 2004, une revue de littérature scientifique sur la vaccination antipneumococcique des adultes. Ses conclusions ont été soumises pour approbation au Conseil Supérieur d’Hygiène (CSH), qui a adopté de nouvelles recommandations.

  • Streptococcus pneumoniae demeure la cause principale des pneumonies ; 5 à 30% (selon les populations étudiées) des pneumonies à pneumocoques s’accompagnent d’hémocultures positives. Les pneumonies accompagnées de bactériémies sont grevées d’un taux de mortalité de 10 à 35%. Streptococcus pneumoniae est également la deuxième cause de méningite bactérienne, avec une mortalité de 30%. Tant l’incidence que la mortalité des infections pneumococciques s’accroissent considérablement au-delà de 65ans.
  • En Belgique, le vaccin antipneumococcique polysaccharidique à 23 valences couvre 96,7% des souches identifiées à partir de prélèvements de milieux normalement stériles (sang, liquide cérébrospinal, liquide pleural, etc).
Deux vaccins contre le pneumocoque sont désormais disponibles :
 le vaccin contenant les polysaccharides capsulaires de 23 types de pneumocoques (Pneumo 23™ - Sanofi Pasteur M.S.D.).
Ce vaccin est destiné à la vaccination des adultes et n’est pas immunogène chez l’enfant de moins de 2 ans. Son coût s’élève à 19,09 euros. Le vaccin n’est pas remboursé par l’INAMI. Néanmoins, de nombreuses Mutualités proposent un remboursement partiel à certains de leurs affiliés en ordre pour l’assurance complémentaire.
 le vaccin conjugué, contenant les polysaccharides capsulaires de 7 types de pneumocoques (Prevenar™ - Wyeth). Ce nouveau vaccin à 7 valences contre le pneumocoque est destiné prioritairement à la vaccination des nourrissons. Il n’est pas recommandé pour les patients âgés ou adultes : en effet, la couverture théorique, basée sur les sérotypes capsulaires, est considérablement moindre pour ces groupes comparativement aux enfants âgés de moins de 5 ans ; en outre, les données sur l’usage clinique et la protection chez l’adolescent et l’adulte manquent. Son coût est de 68,27 euros par dose ; il n’est actuellement ni remboursé, ni mis gratuitement à disposition via les Communautés. Quelques mutuelles proposent un remboursement partiel à certains de leurs affiliés en ordre pour l’assurance complémentaire.
  • En 2003, la résistance des pneumocoques aux antibiotiques concernait en Belgique : 13% des souches vis-à-vis de la pénicilline (néanmoins, seules 0,6% des souches montraient une résistance majeure, le niveau intermédiaire étant atteint pour les autres souches) ; 30,2% vis-à-vis des tétracyclines ; 36,1% vis-à-vis de l’érythromycine et 0,5% vis-à-vis de l’ofloxacine.
  • L’efficacité clinique du vaccin pour la prévention des infections à pneumocoque chez les personnes âgées a fait l’objet de nombreuses études et analyses. De manière schématique, on peut retenir sur base des données actuellement disponibles qu’on ne peut se prononcer sur la protection contre la pneumonie ; une protection de l’ordre de 40 à 60% est certaine contre les infections invasives à pneumocoques.
  • En ce qui concerne les adultes présentant des affections sous-jacentes,les recommandations de vaccination reposent souvent sur une incidence, une morbidité et une mortalité accrues des infections invasives pneumococciques. Ainsi, les patients atteints d’une asplénie fonctionnelle (p.e. anémie à cellules falcipares) ou slénectomisés ont une incidence 100 fois plus élevée d’infections invasives à pneumocoques. La réponse sérologique après vaccination de ces patients est comparable à celle de sujets témoins, sauf si la splénectomie est réalisée dans le cadre d’un lymphome.

Revaccination

Le vaccin antipneumococcique à 23 valences n’induit pas de réponse immunitaire cellulaire (T-cell immunity). Il n’y a donc pas d’effet "booster" et chaque dose supplémentaire doit être considérée comme une revaccination. Les taux d’anticorps, spécifiques pour chaque type capsulaire, décroissent progressivement avec le temps. Il n’y a pas de données permettant de déterminer quel est le taux d’anticorps protecteur. Chez la plupart des adultes et des personnes âgées, les taux d’anticorps demeurent, après vaccination, supérieurs à ceux pré-existants pendant plus de 5 ans. Cependant, chez certains patients présentant des affections sous-jacentes, le niveau des anticorps décroît plus rapidement. On rapporte des effets secondaires (principalement locaux) plus fréquents lors d’une revaccination dans les premières années après une première vaccination. Certains patients présentent aussi une fièvre (> 37°6). Comme ces effets indésirables sont modérés et réversibles, la revaccination est considérée comme sûre lorsqu’un délai d’au moins 3 ans est respecté.

Le consensus actuel est que les revaccinations avec le vaccin à 23 valences sont indiquées après 3 à 5 ans pour les patients présentant le risque le plus élevé (splénectomie et asplénie fonctionnelle). Tenant compte du manque de données d’immunogénicité et de sécurité, la recommandation pour la revaccination au-delà de 65 ans est actuellement limitée à une seule administration, de préférence 5 à 7 ans après la première vaccination.

Conclusions

La vaccination contre le pneumocoque s’intègre dans l’approche de médecine préventive du généraliste. Ce dernier est en effet le professionnel le mieux à même de gérer la vaccination de l’adulte. Il peut pratiquer un bilan régulier de la vaccination de chaque adulte, par exemple au démarrage d’un DMG ou, pour les plus âgés, lors de la vaccination annuelle contre la grippe.

Pour la pratique

Les nouvelles recommandations du CSH

La vaccination contre le pneumocoque est vivement recommandée pour les patients présentant un haut risque d’infection invasive à pneumocoque tels que les patients présentant une asplénie fonctionnelle ou ayant été splénectomisés.

La vaccination est recommandée

  • pour tous les adultes de 65 ans et plus
  • à partir de 50 ans pour les patients présentant
     une infection bronchopulmonaire chronique ;
     une maladie cardiaque congestive ;
     un éthylisme avec ou sans cirrhose.
  • pour les patients séropositifs pour l’HIV. La vaccination peut être envisagée sur base de caractéristiques individuelles pour les patients
  • transplantés
  • souffrant d’un lymphome, de leucémie lymphoïde chronique, de myélome multiple
  • porteurs d’une fistule de liquide céphalo-rachidien
  • porteurs d’autres affections chroniques comme les insuffisances rénales et d’autres affections cardiovasculaires.

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