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Voyages, migrantsprint

Médecine du voyage : actualités 2005

publié le dimanche 1er mai 2005

Cet article vous propose quelques rappels et actualités de médecine des voyages.

Fièvre jaune

Dans un article antérieur (septembre 2004), nous avons fait le point sur les complications fatales, extrêmement rares, après primovaccination contre la fièvre jaune. Le “Global Advisory Committee on Vaccine safety” de l’OMS (Weekly Epidemiological Record 7/1/ 2005) communique qu’ont été rapportés, jusqu’à présent, 23 cas établis ou possibles d’ infection généralisée par le virus vaccinal, avec survenue de défaillances multiorganiques. Les estimations récentes du risque s’établissent entre 0,04 et 3 par million de doses de vaccin. Le risque est accru au-delà de 60 ans. On a également montré récemment que les personnes ayant une atteinte du thymus ont un risque augmenté : il était question d’une affection du thymus ou d’une thymectomie dans 4 des 23 cas précités. On ne connaît rien des facteurs de risque additionnels. Il est dès lors d’une grande importance de procéder à une évaluation soigneuse et de ne vacciner que les voyageurs qui courent un risque réel de contamination par le virus de la fièvre jaune.
Comme tout autre vaccin vivant atténué, le vaccin contre la fièvre jaune est aussi contrindiqué chez les personnes immunodéficientes, notamment celles qui prennent du metrotexate, de la cyclosporine, de l’azathioprine, de l’interferon, de l’anti-TNF, etc. La prise de cortisone autorise la vaccination à condition que la dose de prednisone n’excède pas 2 mg/kg et un maximum de 20 mg par jour. Mais dans ce cas, la maladie sous-jacente doit être prise en compte et il faut bien entendu envisager le rôle de la comédication (les immunosuppresseurs donnés par ailleurs), les autres traitements subis (transplantation de moëlle ou d’un autre organe) et la présence préalable ou non d’un déficit ou d’ une maladie immunitaire primaire ou secondaire.
Une concertation préalable avec un centre de vaccination contre la fièvre jaune est donc absolument indiquée avant que ces patients ne réservent un voyage à destination d’un pays où, soit la vaccination est obligatoire, soit un risque élevé de contamination existe.

La primovaccination avec le vaccin antiamarile peut entraîner des complications fatales. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de n’administrer ce vaccin qu’aux personnes qui courent un risque réel de contamination.

Encéphalite japonaise

Récemment, quelques cas d’ encéphalite japonaise ont été rapportés chez des voyageurs : chez une femme âgée de 49 ans, Néo-Zélandaise, qui a circulé pendant 5 semaines au Japon, en Chine et à Hong Kong et chez un enfant belge qui a séjourné quelques semaines à Beijing. Ceci souligne une fois encore l’importance de l’information sur le risque, il est vrai très réduit mais cependant réel, d’encéphalite japonaise. Pour les voyageurs vers des zones endémiques (voir www.itg.be [carte] ou www.medecinedesvoyages.be), on doit souligner l’importance des mesures de protection contre les moustiques, valables aussi contre la malaria (les moustiques piquent exclusivement entre la tombée de la nuit et le lever du jour). Chez les expatriés et les voyageurs aventureux, la vaccination doit être considérée. Ce vaccin très coûteux n’est disponible que dans certains centres de vaccination. Pour des informations plus précises, le lecteur peut se référer au site de l’Institut de Médecine Tropicale.

Grippe

Il n’ y a aucune recommandation de vaccination systématique des voyageurs à destination de territoires où la grippe aviaire sévit parmi les volailles (et certains porcs), mais où ne se rencontrent que des cas humains très sporadiques et une transmission interhumaine exceptionnelle (sans cas tertiaire).
La vaccination contre la grippe ne protège pas contre la grippe aviaire, mais a pour objectif unique d’ éviter une co-infection avec le virus influenza classique (et le risque de mutation lié). Il est conseillé d’éviter de visiter dans les pays touchés (voir www.oie.int) les élevages et marchés de volailles. En outre, il est prioritaire de rapporter des symptômes de grippe immédiatement à un médecin (et aux Autorités de santé) lorsque l’on revient d’ une zone concernée par l’épidémie de grippe aviaire.

Hépatite A

Il n’est jamais trop tard pour vacciner un voyageur en dernière minute : la protection immédiate sera évidemment plus faible que lorqu’il est vacciné 14 à 28 jours auparavant, mais il bénéficiera cependant d’une protection évaluée à au moins 80% s’il est contaminé lors des premiers jours ou semaines du voyage (sur base d’ études au cours desquelles on a montré une protection par la vaccination de l’ ordre de 80%, dans les 7 jours d’une possible contamination). On considère que la protection après une vaccination complète est présente à vie.

Hépatite B

Des données récentes suggèrent que certains non répondants au vaccin contre l’hépatite B disposeraient néanmoins d’une immunité cellulaire. Cependant, cette hypothèse ne recueille pas actuellement l’adhésion unanime de la communauté scientifique et elle devra impérativement recevoir une confirmation lors de nouvelles études. Il reste donc recommandé de considérer chaque non répondant comme potentiellement réceptif en cas d’exposition au virus de l’hépatite B. Et dans l’attente d’un vaccin amélioré destiné aux non répondants, il s’avère utile de leur administrer une nouvelle série de 3 doses. En effet, la probabilité de réponse immunitaire est alors supérieure à 50%.

Rougeole

L’OMS veut éliminer la rougeole de la planète pour 2010. La vaccination contre la rougeole (une injection), doit être proposée aux voyageurs non vaccinés nés à partir de 1980 et qui cliniquement n’ont pas fait une infection rougeoleuse évidente, pour éviter une importation ou une exportation de la maladie.

Diphtérie

La diphtérie demeure un risque dans les pays de l’est de l’ Europe et de l’ex-URSS (www.eurosurveillance.org/em/ v09n11/0911-227.asp). La vaccination est recommandée pour les voyageurs à destination de ces pays, tout comme pour tout voyageur international.

Rage

Durant les dernières années, on a décrit plusieurs cas d’importation de rage chez des adultes et enfants voyageurs, comme récemment en France et en Allemagne. Tout comme pour l’encéphalite japonaise, l’information sur la rage constitue une partie essentielle du conseil aux voyageurs. Dans certains cas, la vaccination doit être envisagée. Malheureusement, nous devons actuellement tenir compte en Belgique d’un problème d’approvisionnement, si bien que le vaccin n’est provisoirement pas disponible pour la vaccination préventive des voyageurs. En accord avec le Conseil Supérieur d’Hygiène, une solution est recherchée activement. On pourrait ainsi envisager l’importation de vaccins.

Méningite à méningocoques A, C, Y, W135

Il y a en ce moment des épidémies en Afrique, dans les pays de la ceinture de la méningite (épidémies possibles de fin décembre à début juillet).

Poliomyélite

Il y a actuellement à nouveau un risque de transmission de polio dans des pays où la maladie était éliminée (Nigéria, Inde, Pakistan, Niger, Afghanistan et Egypte). On considère que la contamination est même possible pour les pélerins à destination de La Mecque en Arabie Saoudite. Il demeure donc essentiel de contrôler la validité de la vaccination des voyageurs et de les vacciner si nécessaire.

Encéphalite à tiques ou Frühsommer MeningoEnzephalitis (FSME)

Le vaccin est maintenant, depuis plus d’une année, disponible en pharmacie. Les indications précises sont détaillées sur le site www.itg.be. Le moment pour un rappel après une vaccination complète n’est pas clairement établi. On pense qu’un rappel tous les 3 ans est nécessaire. Des études de suivi récentes nous ont appris qu’un seul rappel suffit 8 ans après la dernière injection. Lorsque plus de 10 ans se sont écoulés, il est peut-être plus sûr d’administrer à nouveau un schéma de primovaccination. Le même raisonnement vaut sans doute pour l’encéphalite japonaise.

Pr Fons Van Gompel
Institut de Médecine Tropicale

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