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Grippeprint

Grippe aviaire : Quelles protections pour l’homme ?

publié le jeudi 1er avril 2004

La grippe aviaire hautement pathogène est provoquée par un virus Influenza A, qui appartient aux groupes H5 et H7, soit ceux qui n’infectent pas habituellement les hommes. C’est une maladie très sévère pour l’animal, très contagieuse et rapidement transmissible chez les oiseaux aquatiques et plus particulièrement parmi la volaille domestique.
La contamination de la volaille peut survenir par contact direct avec des animaux malades ou par exposition à du matériel contaminé, comme des engrais. Une transmission indirecte par voie aérienne est également possible et le rôle des oiseaux migrateurs, habituellement porteurs sains du virus, est suspecté.
Les épidémies sont connues depuis 1878 ; depuis qu’elles ont été distinguées en hautement pathogènes et bassement pathogènes, 21 épidémies seulement de type hautement pathogène ont été recensées de 1959 à nos jours. De multiples transmissions du virus aviaire vers l’homme ont été observées récemment, lors des épidémies en 1997 à Hong Kong (18 cas dont 6 décès), aux Pays-Bas en 2003 (349 conjonctivites, 90 infections d’allure grippale, dont un décès) et en Asie du Sud-Est en 2004 (33 cas dont 23 décès au 24 février 2004).
Dans ces trois dernières épidémies, quelques rares cas humains n’étaient pas en contact direct, condition indispensable pour être infecté, avec la volaille infectée et auraient donc pu être infectés par un homme infecté. Ceci dit, vu la masse virale importante observée dans l’environnement, cette transmission humaine n’est pas prouvée et reste sans importance pourvu qu’ elle ne soit pas suivie d’ autres cas similaires, ou qu’il n’y ait pas de transmission tertiaire.

Le risque pour l’homme se situe à deux niveaux : les travailleurs et paysans en contact direct avec la volaille qui peuvent être infectés directement par la volaille infectée. L’autre risque, plus théorique mais plus inquiétant, est la rencontre d’un virus humain habituel (A/H1N1 ou A/H3N2) et d’un virus aviaire, A/H5N1 en l’occurrence.

La rencontre de ces deux virus au sein du tractus respiratoire de l’homme ou du cochon, pourrait entraîner un réassortiment, soit une recombinaison des segments géniques des deux virus, aboutissant à l’émergence d’un tout nouveau virus, facilement transmissible entre hommes, et qui pourrait être à l’origine d’une pandémie grippale comme ce fut le cas en 1918, en 1957 et 1968.
Devant une épidémie aviaire de forte intensité, les mesures de protection se situent à plusieurs niveaux :

  1. Destruction massive des poulets malades et suppression de tout déplacement de volaille, afin de réduire la circulation du virus et d’aboutir à son éradication
  2. Dans certaines conditions particulières, il peut être indiqué de vacciner la volaille avec un vaccin vétérinaire contenant une souche similaire ou très proche de la souche circulante. Les animaux vaccinés seraient les animaux sains se trouvant dans un périmètre proche des animaux malades. Cette pratique est cependant très contestée car, si elle réduit effectivement la masse virale circulante, il n’en demeure pas moins impossible de distinguer les animaux vaccinés des non-vaccinés dans la mesure où ces derniers peuvent être infectés par le virus circulant sans en subir les effets pathogènes. La vaccination de la volaille ne peut donc arrêter la circulation du virus, tout au plus peut-elle la réduire.
  3. Les mesures hygiéniques de type mécanique entourant la destruction massive des oiseaux sont essentielles pour protéger les travailleurs et paysans ainsi que pour éviter la dispersion du virus. Ces mesures sont actuellement bien codifiées par l’Office International des Epizooties.
  4. Pour les personnes entrant en contact direct avec la volaille infectée, il est fortement recommandé de prendre à titre préventif des inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir), médication anti-virale spécifique contre le virus de la grippe de type A.
  5. De plus, il est également recommandé de vacciner ces personnes, ainsi que les contacts, avec le dernier vaccin humain trivalent disponible, ce qui ne les protégera pas de l’infection aviaire, mais permettra d’ éviter qu’ils soient infectés par un virus humain (c’est la période grippale pour le moment en Asie), ce qui augmenterait la probabilité de rencontre des virus aviaires et humains avec la crainte d’un réassortiment qui en résulterait.
  6. Enfin, un vaccin à usage humain contre la souche virale A/H5N1 qui sévit actuellement en Asie, est actuellement en préparation. Il est produit par génie génétique et sera testé pour son efficacité et son innocuité en mars 2004. L’évolution éventuellement défavorable de l’épidémie aviaire en Asie dictera la nécessité de produire en grande quantité ce vaccin qui pourrait nous protéger contre ce qui pourrait être un des plus grands fléaux comme le fut la grippe espagnole de 1918, responsable de 20 à 40 millions de décès de par le monde.
Dr . R. Snacken

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