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Grippeprint

Vacciner les professionnels de la santé

publié le mercredi 1er septembre 2004

Les professionnels fréquemment en contact avec des personnes à risque sont une source importante de contamination par le virus Influenza. Selon une étude pilote, 20% d’entre eux seulement seraient vaccinés.

La morbidité et la mortalité liées à la grippe sont les plus élevées chez les personnes âgées de 65 ans et plus, chez les patients atteints d’affections chroniques ainsi que parmi les résidents de maisons de soins et de repos. La vaccination contre la grippe des personnes âgées diminue fortement le nombre d’hospitalisations et la morbidité. Dans une institution d’accueil pour personnes âgées, une couverture vaccinale de 70% ou plus crée une immunité de troupeau (herd immunity) suffisante pour prévenir la transmission et réduire fortement le risque d’une épidémie.

Professionnels de santé

La vaccination contre la grippe des professionnels de santé, comme recommandée par le Conseil Supérieur d’Hygiène, a un double objectif. Elle réduit d’une part le risque de contracter soi-même la grippe, d’autre part le risque de transmettre le virus aux personnes fragilisées ; il s’ensuit une diminution significative des complications graves et de la mortalité parmi ces personnes. Une couverture vaccinale plus élevée parmi les professionnels a également une influence positive sur le taux de vaccination des résidents âgés. La couverture vaccinale des professionnels qui ont des contacts fréquents avec des groupes à risque est cependant basse. Elle varie, selon des études à l’étranger, entre 10 et 61,2%. Nous ne disposons que de peu de données en Belgique. Une étude par questionnaire a été menée en 2002 auprès de 1.097 travailleurs de santé (aussi bien du personnel soignant qu’administratif) dans 21 maisons de repos des régions de Malines et de Turnhout (taux moyen de réponse : 83,1%). L ’âge moyen des répondants était de 37 ans et 10,25% présentaient une affection chronique qui constitue un risque en cas de grippe. Durant l’hiver 2000-2001, 79,7% des répondants n’avaient pas été vaccinés contre la grippe ; en 2001- 2002, ce chiffre était de 78,1%. Pour la saison 2002-2003, 28,9% des personnes déclaraient qu’elles se laisseraient vacciner, 66,2% ne souhaitaient pas le faire.
Divers facteurs influençaient le comportement de vaccination :
 Le sexe : les hommes se faisaient plus souvent vacciner que les femmes (41% versus 19% ; p<0,0005).
 L’âge : les personnes vaccinées étaient plus âgées que les non vaccinées.
 L’état de santé : les personnes atteintes d’une maladie chronique étaient plus souvent vaccinées que celles en bonne santé (34,8% versus 20,6% ; p=0,0009).
 La fonction : il est curieux de constater que les personnes ayant des rapports directs avec les patients étaient moins souvent vaccinées que celles qui avaient seulement des contacts indirects (19,2% contre 27,5% ; p=0,00147).
 Le statut : le personnel à longue durée était mieux vacciné que le personnel sous contrat temporaire (21,7% versus 12,3% ; p=0,0085).
 Une vaccination antérieure : les personnes vaccinées l’année précédente se faisaient plus souvent revacciner (80,5% versus 6,5% ; p<0,0001).
 L’offre de vaccination par l’employeur : dans ce cas, 28,9% des personnes se laissaient vacciner, contre seulement 6,8% si l’ employeur ne proposait pas la vaccination (p<0,0001). Parmi ce groupe, 56,4% pratiqueraient la vaccination si l’employeur couvrait les coûts du vaccin. A l’inverse, parmi les personnes vaccinées auxquelles l’immunisation est offerte, 21,2% seulement seraient encore prêtes à se faire vacciner si l’employeur n’intervenait plus dans les frais.
L’enquête s’ attachait également aux raisons subjectives de refus de la vaccination. Les principaux arguments évoqués étaient : des défenses suffisantes (35,2%), le fait de n’avoir jamais la grippe (28,9%), la peur des effets secondaires (24,2%), la non appartenance à un groupe à risques (19,3%), la perception que les injections sont désagréables (18,7%), le refus de sensations désagréables après la vaccination (15,9%), le souhait de prendre l’initiative personnellement (12,6%), l’opinion que la vaccination n’est pas active (12,5%), le fait de supporter les coûts personnellement (10,3%). Diverses raisons sont évoquées en faveur de la vaccination : le souhait de ne pas attraper la grippe (96,5%) ou d’éviter de transmettre la grippe aux patients (85%), une vaccination durant l’année précédente (60,4%), la gratuité du vaccin (56,4%), l’efficacité importante du vaccin (52,7%), le souhait d’éviter une incapacité de travail due à la grippe (31,7%).

Conclusion

Pour améliorer la couverture vaccinale encore basse parmi les soignants, les professionnels doivent prendre conscience de l’importance de la vaccination pour eux-mêmes et pour leurs patients ; par ailleurs, les fausses représentations de la grippe et de la vaccination contre la grippe doivent être rectifiées. L’enquête révèle que seulement une personne, sur dix non vaccinées, évoque une raison effectivement fondée. Le médecin du travail joue ici un rôle important, lui qui administre aux travailleurs des maisons de repos près de 2 vaccinations contre la grippe sur 3. Par ailleurs, les employeurs doivent être encouragés à organiser et à financer la vaccination contre la grippe. Pour plus de la moitié des personnes vaccinées, la gratuité du vaccin est une raison pour se faire vacciner. Un groupe important déclare qu’il ne se ferait plus vacciner si l’employeur ne pouvait plus offrir la vaccination.

Référence : Broens L. & De groof K., Griepvaccinatie bij gezondheidswerkers werkzaam in rust- en/of verzorgingste- huizen, Eindverhandeling Faculteit Geneeskunde, Departement Maatschappelijke Gezondheidszorg, Afd. Arbeids- Milieu- en Verzekeringsgeneeskunde, KU Leuven, 2002-2003.

Pour la pratique

  • Les recommandations officielles complètes en matière de vaccination contre l’Influenza sont disponibles sur le site du Conseil Supérieur d’Hygiène (CSH) www.health.fgov.be http://www.health.fgov.be.
    Outre les personnes âgées de 65 ans et plus et les patients atteints de certaines affections chroniques, la vaccination est recommandée aux professionnels de santé qui sont une source importante de transmission de la grippe aux personnes à risque avec lesquelles ils ont des contacts fréquents. Comme la protection conférée par la vaccination contre la grippe est inconstante chez les personnes les plus âgées, la vaccination de ces professionnels est nécessaire. Enfin, le CSH signale que le choix de la vaccination peut être fait à titre individuel pour toutes les personnes de 50 à 64 ans, les femmes enceintes et les voyageurs à risque vers l’hémisphère sud entre avril et septembre.
  • La composition recommandée par l’OMS pour le vaccin de la saison 2004-2005 est la suivante :
     A/New Caledonia/20/99(H1N1)-like virus
     A/Fujian/411/2002(H3N2)-like virus - B/Shanghai/361/2002-like virus (équivalent à B/Jiangsu/10/2003)
  • Les vaccins commercialisés en Belgique sont : AddigripTM (Aventis Pasteur MSD), Alfa-RixTM (GSK), FluvirinTM (Celltech), Influvac STM (Solvay), Mutagrip STM (Aventis Pasteur MSD), VaxigripTM (Aventis Pasteur MSD).

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