Cependant, un nombre croissant de données épidémiologiques et de laboratoire rassurent : les virus respiratoires « interfèrent » souvent les uns avec les autres. En effet, des infections virales récentes des voies respiratoires peuvent provoquer une période réfractaire au cours de laquelle l’hôte est moins susceptible d’être infecté par un autre virus respiratoire.
Lorsqu’un virus respiratoire se répand dans une communauté, les interférons peuvent augmenter les défenses de l’organisme et établir temporairement une barrière immunitaire non spécifique contre les virus respiratoires ultérieurs. Cette compétition virale pourrait empêcher une "super-épidémie" simultanée de plusieurs virus respiratoires, selon un article de Science (1).
Ce concept d’interférence virale (2) a été démontré au niveau cellulaire, de l’hôte et de la population. Par exemple, le VRS peut perturber les rhinovirus et les métapneumovirus humains. La grippe A peut contrecarrer la grippe B. Une étude récente a montré qu’une infection antérieure par le SRAS-CoV-2 perturbe les capacités du A(H1N1)pdm09 et du RSV-A2, tandis que seul le A(H1N1)pdm09 réduit l’infection ultérieure par le SRAS-CoV-2 (3).

Plus d’informations
(1) Cohen J. Will viral interference hold off the tripledemic ? Science. 378 (6622) : 814-815
https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.adf8989

(2) Piret J & Boivin G. Viral Interference between Respiratory Viruses. Emerg Infect. Dis. 2022. 2022.28(2) : 273–281.
doi : 10.3201/eid2802.211727

(3) Fage C, Hénaut M, Carbonneau J et al. Influenza A(H1N1)pdm09 Virus but Not Respiratory Syncytial Virus Interferes with SARS-CoV-2 Replication during Sequential Infections in Human Nasal Epithelial Cells. Viruses. 2022 14(2) : 395
https://doi.org/10.3390/v14020395