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Encéphalite à tiquesprint

Une infection en extension ?

publié le mardi 23 avril 2013

Selon l’ECDC, l’encéphalite à tiques devient un problème de santé publique préoccupant.

L’encéphalite à tiques (« Tick-borne encephalitis » ou TBE), également dénommée FSME (Frühsommer Meningo-enzephalitis) est une infection rencontrée dans certaines régions où coexistent un réservoir d’hôtes réceptifs, les vecteurs que sont les tiques et l’agent pathogène.
Celui-ci est un virus de la famille des Flaviviridae ; trois sous-types se partagent la planète :

  • le sous-type occidental ou européen qui est endémique en Europe occidentale, centrale, de l’Est et du Nord ;
  • le sous-type sibérien, rencontré en Europe de l’Est, en Russie et dans le nord de l’Asie ;
  • le sous-type extrême-oriental, endémique dans l’Est de la Russie et dans certaines parties de la Chine et du Japon.

Les principaux vecteurs du virus de la TBE en Europe sont des tiques de la famille des Ixodidae, principalement Ixodes ricinus (dans toute l’Europe) et Ixodes persulcatus (dans les Etats baltes, la Russie et la Sibérie). Le réservoir animal du virus est constitué principalement par des petits rongeurs. Par ailleurs, les tiques parasitent diverses espèces de mammifères sauvages (sangliers, renards, cervidés, lièvres, etc) et domestiqués (chats, chiens, chèvres, etc).
Dans nos régions, les tiques peuvent transmettre une autre infection : la maladie de Lyme.

Epidémiologie

Selon l’ECDC, chaque année, des milliers de cas de maladies neuroinvasives surviennent chez des humains en Europe et cette infection devient un problème de santé publique préoccupant, notamment en raison de la propension des populations aux déplacements.

L’ECDC a procédé à une récolte de données épidémiologiques, par diverses méthodes, pour la période 2000-2010. Le nombre total de cas rapportés dans les 27 Etats de l’Union européenne et les 3 Etats de l’Association européenne de libre échange était de 17.741 (sous-rapportage probable). Un quart des cas étaient recensés en République Tchèque, 15% en Lituanie, 11% en Lettonie et en Allemagne et 10% en Slovénie. Les hommes sont plus souvent concernés que les femmes et la fréquence de l’infection s’accroît avec l’âge. La majorité des cas rapportés sont survenus entre les mois de juillet et d’octobre.
Aucun cas autochtone n’a été signalé en Belgique, où la maladie n’est pas endémique en dépit de conditions climatiques et environnementales propices. Dix-huit pays ont un système de surveillance et 16 ont institué une déclaration obligatoire des cas. En Belgique, la surveillance repose sur la déclaration volontaire via le système des médecins vigies.

Au cours des dernières décennies, on a constaté non seulement un accroissement du nombre de cas, mais aussi une extension géographique des régions endémiques vers le nord de l’Europe et des altitudes plus élevées ; de nouveaux foyers sont apparus.
Une cartographie des régions endémiques peut être consultée sur le site de l’Institut de Médecine Tropicale et sur le site zeken.de.

Ces régions européennes sont situées en Autriche, Suisse, dans le sud de l’Allemagne, en Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Pologne, Slovénie, Serbie, Albanie, Russie, Biélorussie, Ukraine, Bulgarie, Roumanie, Suède, Danemark, Lituanie, Lettonie, Estonie.

Les raisons de l’extension de la maladie semblent multiples : changements climatiques et socio-économiques, reforestation, modification de la structure de l’habitat et de la composition de la faune sauvage (par exemple l’accroissement des populations de cervidés). En outre, un intérêt plus marqué des scientifiques a contribué à une augmentation des diagnostics et des déclarations.

Clinique

Deux tiers environ des infections chez l’homme sont asymptomatiques. Classiquement, lorsqu’elle survient, la maladie se déroule en deux phases. La première est associée à des signes non spécifiques comme de la fièvre, une fatigue, des céphalées, des courbatures, des nausées... Après un intervalle asymptomatique, la seconde phase est caractérisée par une atteinte du système nerveux central (méningite, encéphalite, méningoencéphalite, avec paralysies).
Le sous-type occidental du virus est généralement associé à des affections modérées, à un taux de mortalité de 0,5 à 2% et de séquelles neurologiques de 10% environ, tandis que le sous-type extrême-oriental est plutôt de décours monophasique et associé à une mortalité (20%) et une fréquence de séquelles plus élevées.
Le diagnostic repose sur une confirmation de laboratoire : dosage des anticorps spécifiques anti-TBE dans le sérum ou le liquide cérébrospinal. Il n’existe pas de traitement spécifique de l’infection.

Prévention

La prévention concerne les promeneurs, randonneurs (à pied ou en vélo), campeurs, mouvements de jeunesse (scouts...), spéléologues, etc qui se rendent en zone rurale ou forestière dans une région endémique. Le risque est saisonnier, présent du printemps (avril) à l’automne (octobre).
Le risque est limité : on estime qu’une tique sur 20 à 1000 (selon région, saison, etc) est contaminée par le virus. Les formes cliniques surviendraient pour 1 piqûre contaminante sur 100. Comme le virus est présent dans les glandes salivaires de la tique, l’infection peut être transmise dès le moment de la piqûre ; après son arrivée sur la peau, la tique peut cependant attendre plusieurs heures avant de choisir le lieu de sa piqûre. La plupart des morsures de tiques passent inaperçues, parce que la tique injecte un produit anesthésiant à l’endroit de la morsure.
La prévention repose sur les mesures de protection contre les tiques d’une part, sur la vaccination d’autre part.

Les mesures de protection contre les tiques

  • Porter des bottines de marche bien fermées, des pantalons longs avec les chaussettes tirées au-dessus des jambes du pantalon ; dans la végétation haute, porter une chemise ou un polo à longues manches, fermé au cou.
  • Chaque jour, après des activités dans les bois ou les broussailles, inspecter systématiquement toute la surface du corps pour rechercher les tiques. Celles-ci affectionnent les plis et zones poilues.
  • Enlever les tiques en les prenant aussi près que possible de la peau, avec une pince plate, lentement, sans mouvement brusque.
  • Appliquer des insectifuges sur la peau, à base de DEET ou d’icaridine. La protection est limitée aux endroits d’application du produit et la durée d’action à quelques heures tout au plus. On peut aussi appliquer un spray à la perméthrine sur les vêtements.

Vaccination

La vaccination (FSME-IMMUNTM – disponible en pharmacie – : 0,5 ml pour les adultes (34,5 euro) ou 0,25 ml Junior (29,64 euro) à partir de 1 et jusqu’à 15 ans). Le vaccin est remboursé par la plupart des mutualités dans le cadre de l’assurance complémentaire, sur présentation d’une pièce justificative de la pharmacie.
Il est administré selon un schéma de 3 injections intramusculaires, avec un intervalle de 1 à 3 mois entre les 2 premières injections ; la 3ème dose est donnée 5 à 12 mois plus tard. Un taux de protection de 90-95 % est obtenu 2 semaines après la deuxième injection (soit au plus tôt à partir du jour 42).
Une vaccination de rappel, en cas de nouveau voyage à risque, doit être administrée après 3 ans (puis tous les 5 ans, sauf chez les personnes de 60 ans et plus, pour lesquelles le délai reste de 3 ans).
Si le délai après le dernier rappel dépasse 8 à 10 ans, il est préférable
de refaire une vaccination complète.

Dans les cas urgents, on peut recourir à un schéma vaccinal accéléré : deux injections aux jours 1 et 14 (la troisième injection ayant lieu après 5-12 mois).
Une injection unique assure une protection insuffisante (50-75 % après 4 semaines). Il faudra donc toujours administrer, avant le départ vers une région à risque, au moins deux doses.

Prof A. Van Gompel
Dr. P. Trefois

Références :
 Epidemiological situation of tick-borne encephalitis in the European Union and European Free Trade Association countries. Technical report. ECDC. www.ecdc.europa.eu
 Conseils de santé pour voyageurs : édition destinée au corps médical. Medasso 2012-2013. http://www.itg.be/itg/Uploads/MedServ/fmedasso9.pdf
 Tick-borne encephalitis virus vaccines. P. N Barrett, D Portsmouth, H.J. Ehrlich chapter 34 – in Vaccines, 6th Edition By S. A. Plotkin, W. Orenstein and P.A. Offit. Elsevier Inc., 2013

Situation en Autriche

Avant l’introduction de la vaccination, en 1980, le nombre d’hospitalisations pour encéphalite à tiques atteignait annuellement 300 à 700. Actuellement, une couverture vaccinale de près de 85% de la population a permis une baisse considérable de l’incidence de la maladie, dont on ne recense plus que 50 à 100 cas par an. Par contre, l’incidence dans la population non vaccinée est restée identique à celle de la période précédant l’introduction de la vaccination, ce qui indique que la circulation du virus dans la nature n’est pas interrompue.


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