Poliomyélite
Elimination en vue ?
L’OMS préconise une adaptation des stratégies de vaccination contre la poliomyélite, tenant compte de l’éradication de la souche polio de type 2. Un vaccin oral atténué bivalent a été introduit dans certains pays.
La stratégie globale d’élimination de la poliomyélite est un succès : elle a entrainé une baisse spectaculaire du nombre de cas déclarés, de 350.000 cas répartis dans 125 pays en 1988, à 72 cas en 2015.
En janvier 2016, la transmission endémique de la poliomyélite a été interrompue sur l’ensemble de la planète, à l’exception du Pakistan et de l’Afghanistan.
Eradication de la souche polio de type 2
L’Organisation Mondiale de la Santé suit de très près la situation épidémiologique. La Global Commission for Certification of the Eradication of Poliomyelitis a certifié l’éradication du virus sauvage polio de type 2, une des 3 souches responsables depuis des siècles des cas de paralysies liées à cette maladie. Les derniers cas attribués au virus de type 2 remontent à 1999.
La lutte contre la poliomyélite a reposé principalement sur le vaccin vivant atténué trivalent (types 1, 2 et 3) contre la polio, à administration orale (OPV). Ce dernier a été responsable dans de très rares cas (1/1.000.000 doses) de paralysies post-vaccinales, ou encore de circulations de souches de virus dérivées des souches vaccinales, transmissibles et neurovirulentes. C’est la raison pour laquelle, en Belgique (en 2011) comme dans de nombreux autres pays, le vaccin oral a laissé la place depuis longtemps à un vaccin inactivé trivalent (IPV).
Le vaccin oral est plus efficace pour enrayer les épidémies et limiter leur extension, et pour réduire la prévalence en zones endémiques (Pakistan et Afghanistan). Il est encore utilisé actuellement dans plus de 100 pays. Cependant, vu l’éradication du virus polio de type 2, il n’est plus justifiable de maintenir l’usage d’un vaccin oral trivalent comportant ce type.
La balance des avantages et inconvénients de l’usage de ce vaccin penche désormais vers l’arrêt de son usage. En effet, le nombre de paralysies post-vaccinales attribuées à la souche vaccinale de type 2 est estimé, depuis 1999, à environ 1.600 à 3.200 cas (dans un contexte d’usage où, en l’absence de programmes de vaccination basé sur le vaccin oral trivalent, des épidémies auraient entrainé un nombre de cas beaucoup plus considérable).
Nouvelle stratégie vaccinale
L’OMS a donc recommandé en avril 2016 le passage d’un vaccin vivant atténué trivalent à un vaccin vivant atténué bivalent (contenant les types 1 et 3 et sans souche de type 2).
Une synchronisation à l’échelle planétaire du passage du vaccin OPV trivalent au nouveau vaccin OPV bivalent est essentielle à la réussite de cette stratégie et à la maîtrise du risque d’émergence de cas liés aux souches de virus dérivées de la souche vaccinale de type 2. Car un risque d’éventuelles poussées épidémiques liées à la circulation de ces souches de virus existe, limité mais réel.
Cette possible émergence devrait être la plus préoccupante durant les 6 à 12 mois suivant le passage du vaccin vivant atténué trivalent au vaccin vivant atténué bivalent.
Depuis mai 2016, tous les pays qui utilisaient le vaccin oral trivalent sont passés au vaccin oral bivalent.
Par ailleurs, tous les pays de la planète devraient avoir accès au vaccin trivalent inactivé (IPV), afin de pouvoir administrer au minimum une dose de ce vaccin qui immunise contre les 3 types de virus polio. Cependant, le vaccin IPV ne pourra contrer une éventuelle émergence épidémique de souches de virus dérivées de la souche vaccinale de type 2, mais induit une protection individuelle.
La certification définitive de l’éradication du virus polio de type 2 nécessite également un engagement de tous les pays de la planète de détruire ou cantonner dans des laboratoires sécurisés les souches de virus polio de type 2 qu’ils détiennent, ainsi que les vaccins vivants atténués protégeant contre le type 2.
Enfin, un stock de vaccins vivants atténués monovalents contre la polio de type 2 a été constitué, pour faire face à une réintroduction possible de ce virus.
Référence :
M. Patel, W. Orenstein. Perspective. A world free of polio. N Engl J Med. 2016 ; 374 : 501-503. Doi : 10.1056/NEJMp1514467.
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